Théâtre : Responsables mais non coupables, la réalité amère de l’immigration en France

Théâtre : Responsables mais non coupables, la réalité amère de l’immigration en France

arton99147-fef4c.jpg Responsables mais non coupables, une pièce de théâtre relatant l’amère réalité de l’immigration en France et fustigeant toutes les formes de stigmatisation dont elle continue de faire l’objet, a été rejouée samedi soir à Paris dans une version actualisée.

Montée par la troupe Kahina et Cie, le spectacle qui rassemble une dizaine de comédiens amateurs et professionnels, revient sur les révoltes des banlieues, qui ont embrasé la France en 2005 suite aux discours officiels stigmatisant les Français « venus s d’ailleurs », ces citoyens qu’on a du mal à intégrer.

La pièce prend sa trame du récit d’un grand-père, Antar Benyamina, qui raconte son parcours d’ancien « immigré en France, et dans son pays d’origine », à un petit-fils déviant, qui ne s’explique pas une société qui l’a vu naître, mais qui a fini par le rejeter.

Chômage, discriminations au logement, à l’emploi et à la citoyenneté sont le lot de cette jeunesse banlieusarde qu’on se refuse de regarder en Face.

Pour le protagoniste de la pièce, Antar, de son vrai nom Mohamed Abaid, l’intérêt de rejouer cette pièce dans sa version actualisée est de rappeler la « nécessité impérieuse » du vote des étrangers en France.

« Il persiste toujours en France cette imbécillité de mettre d’un côté les Français dits de souche et ces Français venus d’ailleurs, réduits presque à des sectes et privés, du coup, de tout droit y compris celui de voter, pour ceux qui n’ont pas encore la bi-nationalité », a-t-il confié à l’APS, à l’issue du spectacle abrité par le Conservatoire de musique de Créteil.

Pour lui, le message principal du spectacle est d’arriver à une « prise de conscience de tous les Français quant à la nécessité de cette votation citoyenne tant aux municipales qu’aux législatives pour que ces immigrés aient leur mot à dire ».

Selon le comédien Aidi Akari, qui joue le rôle de chibani (vieux immigré) dans la pièce, le thème de la non intégration de l’immigration en France a été porté encore une fois sur les planches parisiennes pour « dénoncer la promesse non tenue du parti socialiste d’inscrire le vote des étrangers comme une des priorités de la République ».

« La votation citoyenne pour les immigrés vient encore une fois d’être mise au placard et on redoute que ça le serait pour longtemps », a-t-il regretté.

Ecrite en 2006 par Salika Amara, également comédienne dans la pièce, Responsables mais non coupables a été jouée la première fois en 2012. Depuis, elle a été actualisée en ajoutant des éléments sur les dernières élections présidentielles en 2012.

Le spectacle sera redonné la 9 juin à Argenteuil pour récolter des fonds pour le Comité Ali Ziri, retraité décédé le 11 juin 2009 à sa sortie d’une garde à vue.

Pour l’heure, seuls les étrangers ressortissants de l’UE peuvent participer aux élections municipales en France.

En mars 2010, les députés de la majorité (UMP) avaient repoussé, lors d’un vote à l’Assemblée nationale, une proposition de loi socialiste visant à donner le droit de vote et d’éligibilité aux étrangers non européens aux élections municipales.