Tatouage au henné naturel à la vallée du M’zab: Les femmes perpétuent la tradition

Tatouage au henné naturel à la vallée du M’zab: Les femmes perpétuent la tradition

Pratique ancestrale chez les femmes Ghardaouies, le tatouage Ă©phĂ©mère au hennĂ© naturel avec des motifs modernes, assorti de khĂ´l (antimoine) et de souak, continue de constituer des attributs incontournables pour la beautĂ© fĂ©minine de la rĂ©gion, Ă  l’occasion notamment de la cĂ©lĂ©bration des fĂŞtes religieuses. Pour s’embellir lors des rĂ©jouissances particulièrement les jours de l’AĂŻd, les femmes de GhardaĂŻa recourent encore aux matières cosmĂ©tiques naturelles hĂ©ritĂ©es de ses aĂŻeux, dont surtout le hennĂ© naturel. Les feuilles de hennĂ©, cueillies dans les rĂ©gions de Biskra et El Oued, sont les plus prisĂ©es et occupent une place importante dans la prĂ©paration de la pâte utilisĂ©e dans l’esthĂ©tique fĂ©minine et le tatouage Ă©phĂ©mère avec  l’introduction de dessins et motifs figuratifs souvent inspirĂ©s de l’environnement. Symbole de joie, de rĂ©unification familiale et de baraka, le tatouage Ă©phĂ©mère au hennĂ© naturel est effectuĂ© depuis des lustres par les femmes sous forme de pâte qu’on applique tel un colorant sur les cheveux, ou pour embellir les doigts, les ongles ainsi que les paumes de mains, a expliquĂ© Hadja SaĂŻdia du quartier de Theiniet El-Makhzen, au sud de la ville de GhardaĂŻa. “Chaque femme s’applique dans la prĂ©paration de la pâte utilisĂ©e pour le  tatouage au henné”, relève-t-elle, signalant que la “recette” diffère d’une femme Ă  une autre. Pour ce faire, les feuilles de hennĂ© sont sĂ©chĂ©es puis broyĂ©es pour en faire une poudre, Ă  laquelle sont ajoutĂ©s huile  d’olive, jus de citron, fleur d’oranger, huile de cade et un peu d’eau chaude pour constituer une pâte qui sera appliquĂ©e sur les paumes des mains, les cheveux et autres pieds. En plus d’ĂŞtre crĂ©ditĂ© de la baraka, l’on continue Ă  prĂŞter au hennĂ© des vertus thĂ©rapeutiques contre les champignons et les maladies de la peau, Ă©tant mĂŞme considĂ©rĂ© comme un cicatrisant pour certaines plaies, a soutenu  un herboriste de la rĂ©gion. Pour cela et Ă  l’approche des fĂŞtes religieuses et les cĂ©rĂ©monies de mariage, les herboristes sont pris d’assaut par la gent fĂ©minine qui y vient s’approvisionner en feuilles de hennĂ© naturelles originaires de  Biskra ou El-Oued, produit incontournable pour l’esthĂ©tique et la sĂ©duction. La cĂ©rĂ©monie de pose du hennĂ© est organisĂ©e en gĂ©nĂ©ral en famille autour d’un thĂ© et parfois un repas. Elle peut prendre plusieurs heures durant lesquelles les femmes excellent Ă  dessiner sur la peau des motifs très variĂ©s. Pour imprimer sur l’Ă©piderme des figures aussi diversifiĂ©es, on utilise souvent une seringue sans aiguille de calibres diffĂ©rents et, avec une prĂ©cision et une habilitĂ© Ă©tonnante, les mains expertes des femmes “artistes” dĂ©nommĂ©es “hennaya”, tracent leurs dessins et embellissent la peau d’une clientèle fĂ©minine des plus exigeantes. Les tatouages Ă©phĂ©mères au hennĂ© sont apprĂ©ciĂ©s dans la rĂ©gion de GhardaĂŻa. Pour renforcer la teinte et la fixation du cuir chevelu, des  tatoueuses ajoutent Ă  leur prĂ©paration initiale, du paraphĂ©nyle, appelĂ© aussi le hennĂ© noir, qui peut provoquer des allergies retardĂ©es avec apparition parfois d’eczĂ©ma, a, cependant, mis en garde un praticien, Dr Mustapha Khenine. Une alerte qui ne semble pas inflĂ©chir une tendance Ă  l’utilisation du hennĂ©. Les dessins et motifs subtiles au hennĂ© ont envahi les rĂ©seaux sociaux et chaque femme dans la rĂ©gion de GhardaĂŻa tente d’imiter ces illustrations Ă  l’image de dessins observĂ©s sur les mains et chevilles de fillettes.

R. R.