Son procès a eu lieu ce matin, Hadjas: «Ce n’est pas moi, c’est l’autre»

Son procès a eu lieu ce matin, Hadjas: «Ce n’est pas moi, c’est l’autre»

justice-marteau.jpgAprès plusieurs reports, le procès de Brahim Hadjas s’est finalement déroulé ce matin au tribunal de Bir Mourad Raïs.

Un procès qui nous a renvoyés quelques années en arrière et nous a fait rappelés celui de Khalifa Bank, pendant lequel un véritable réquisitoire a été établi à l’encontre de la Banque d’Algérie et de la commission bancaire et par le tribunal criminel de Blida et par les avocats de la défense.

C’était le cas ce matin. Les avocats de Hadjas, poursuivi pour infraction à la législation des changes de et vers l’étranger, se sont quelque peu acharnés contre le représentant de la Banque d’Algérie (BA), partie civile dans cette affaire.

L’institution dirigée par Mohamed Laksaci a été accusée par Me Bouzidi de ne pas avoir respecté la loi qui prévoit un délai de 120 jours pour le rapatriement des devises. Or, la Banque d’Algérie a vite fait de dresser un procès verbal de l’infraction au bout de seulement 54 jours et s’est empressée de s’adresser à la justice par une plainte en pénal.

Interrogé par le magistrat sur le non rapatriement des devises après l’exportation des crevettes par l’Union Pêche, Brahim Hadjas nie tout savoir. « Je ne suis pas au courant », dit-il au tribunal. « Mais vous êtes bien le propriétaire ? » questionne le président de l’audience. Hadjas acquiesce tout en précisant qu’il était également propriétaire de 10 autres filiales dans différents secteurs. « Mais je ne suis pas directeur de l’Union pêche, ni celui de l’Union Bank ni d’aucune autre filiale. Je suis en revanche le président du conseil d’administration du groupe ». Et le magistrat de revenir à la charge en lui demandant qui était directeur d’Union Bank.

Brahim Hadjas se délecte. Le magistrat vient de lui donner l’occasion d’attaquer l’un de ses anciens actionnaires qui a fondé avec lui Union Bank mais qui s’est retiré à cause d’une mésentente. Hadj Nacer, c’est de lui qu’il s’agit. Celui-ci avait été nommé Gouverneur de la Banque d’Algérie : « Il a imité ma signature pour m’exproprier », lance-t-il au tribunal. « Avec la Banque d’Algérie, j’ai des comptes à régler », précise-t-il encore devant l’étonnement du président de l’audience et du représentant du ministère Public.

Hadjas a déclaré que la Banque d’Algérie avait élu domicile à l’Union Bank. « J’ai fait l’objet de sa part de pas moins de 720 procédures. J’ai introduit trois plaintes auprès du conseil d’Etat qui a condamné le gouverneur pour voie de fait. Ce sont des procédures que je qualifierai de politiques. Le président du tribunal comprend que le prévenu voulait faire diversion et le ramène au fond de l’affaire. « Je ne comprends pas que vous ne sachiez rien alors que vous savez que vous risquez d’être condamné au remboursement de 36 millions de dinars et à la même somme en amendes », dit le magistrat. Hadjas pointe du doigt le directeur de l’agence de l’Union Bank à Hydra où a été domiciliée la facture pour exportation.

Mais ce que n’a pas dit Hadjas et que le représentant de la BA lui a rappelé, c’est que l’agence n’est pas la banque. L’agrément délivré par la BA était au nom de Brahim Hadjas et non à l’agence qui n’est qu’un intermédiaire agréé. M. Hanafi lui rappellera aussi que les délais de rapatriement sont déterminés par ce qui est mentionné sur la facture de domiciliation. C’est une obligation légale. « Lorsqu’il s’agit d’un paiement à tempérament, le délai est de 120 jours, mais lorsqu’il s’agit de paiement à vue, le délai est d’une semaine».

Les avocats de la défense sont revenus sur les requêtes formulées dès la première audience du report pour demander la prescription des faites et donc la nullité de l’ensemble de la procédure. Pour sa part, le procureur de la république a requis 5 ans de prison ferme et 36,2 millions d’amendes. L’affaire est mise en délibéré.

Faouzia Ababsa