Sétif : L’hôpital Sâadna-Abdennour malade de ses services

Sétif : L’hôpital Sâadna-Abdennour malade de ses services

d-lhopital-saadna-abdennour-malade-de-ses-services-93062.jpgOutre l’absence d’une stratégie de travail sérieuse et de développement de ses activités pour mieux prendre en charge les malades, la structure ressemble, ni plus ni moins, à une grande salle de soins.

L’arrivée, il y a plus de dix mois, du nouveau directeur général du CHU Sâadna-Abdennour de Sétif n’a rien changé à une situation chaotique décriée par la population, les paramédicaux et les médecins. Outre l’absence d’une stratégie de travail sérieuse et de développement de ses activités pour mieux prendre en charge les malades, la structure ressemble, ni plus ni moins, à une grande salle de soins. En effet, ces problèmes, qui perdurent depuis plusieurs années, exaspèrent de plus en plus les professionnels de la santé, à l’exemple de l’absence de chauffage au niveau du service des urgences médico-chirurgicales et les infiltrations d’eau au niveau des services de chirurgie, radio centrale, orthopédie, neurochirurgie ainsi que le service de pédiatrie de l’unité Kharchi-Messaouda, la chirurgie infantile et la gynécologie au niveau de la nouvelle structure sis à El-Bez, ont révélé la faillite des gestionnaires qui ne font rien pour améliorer les choses.

“Depuis son arrivée, il (le directeur) n’a rien fait. Toutes les opérations entamées sont de la poudre aux yeux. Ils ont procédé à l’installation de barreaux, à la construction d’une coupole qui servira de bureau d’accueil et de surveillance. Cette dernière serait réalisée sans permis de construire et n’a créé que de l’encombrement à l’entrée de l’hôpital. Aucune étude n’a été faite auparavant”, nous dira un paramédical outré. Et d’ajouter : “Le chauffage central de tous les services du CHU, qui compte 800 lits, fonctionne avec une seule chaudière. Est-ce logique ?”

De leur côté, des fonctionnaires du nouvel hôpital mère-enfant, critiquent le fait de recourir à une société privée de nettoiement alors qu’aucun résultat n’a été constaté. “C’est de l’argent jeté par les fenêtres”. Ayant gros sur le cœur, des médecins lâchent le morceau : “La dernière inspection dépêchée par le département de Abdemalek Boudiaf n’a pas apporté les résultats escomptés. Ils ont tout vu et tout entendu, mais aucune décision n’a été prise”.

L’autre point noir concerne le service de désintoxication dont les travaux ont été achevés en 2010, mais qui reste fermé depuis. Faisant partie d’un programme du président de la République, les responsables qui se sont succédé à la tête de cette structure n’ont pas daigné ouvrir le dit service ou, du moins, changer sa vocation pour abriter un autre service. Enfin, les opérations de greffe rénale, d’implants cochléaires tant attendues par la population de Sétif et des wilayas limitrophes, d’un centre d’imagerie ainsi que d’autres projets qui font améliorer la qualité des soins, restent des chimères.

Le service ORL, un dépotoir

à l’instar des autres services du CHU Sâadna-Abdennour de Sétif, le service ORL est dans un état lamentable. En effet, outre le déficit enregistré en matière de personnel paramédical, l’absence de matériel et consommables agace les praticiens.

Selon un paramédical, cette structure, qui date de plusieurs années, n’a jamais bénéficié d’opération de relooking digne de ce nom.

Les salles de soins, les chambres des malades ainsi que les bureaux sont dans un état lamentable. Pis encore, la structure ressemble beaucoup plus à une salle de soins où les infirmiers procèdent au lavage, pansements et auscultations. Les urgences sont souvent orientées vers d’autres CHU, à l’instar de ceux d’Alger et Constantine.

En effet, selon un paramédical qui a pris attache avec notre journal et dont plusieurs collègues ont fui le service, les conditions de travail ne sont pas réunies à cause de la défectuosité du matériel. “à chaque fois qu’on a un malade qui a un corps étranger à l’œsophage ou dans les voies aériennes, nous l’évacuons vers Constantine ou Alger. Dernièrement, on a évacué un enfant de cinq ans qui a inhalé une cacahuète. Le pauvre a frôlé la mort à cause du retard dans sa prise en charge. C’est un danger de mort, c’est une honte pour Sétif”, dira notre interlocuteur.

Faouzi SENOUSSAOUI