Seddik Chihab à l’expression: “La crédibilité s’acquiert par le travail”

Seddik Chihab à l’expression:   “La crédibilité s’acquiert par le travail”

Rencontré sur le terrain, Seddik Chihab évoque dans l’entretien qu’il nous a accordé, les enjeux des prochaines législatives.

L’Expression: Quelle évaluation faites-vous de la campagne électorale?

Seddik Chihab: Jusqu’à aujourd’hui, nous sommes très satisfaits. Il y a d’abord l’accueil, ensuite l’écoute et les échanges des points de vue. Les Algériens expriment des préoccupations, souvent récurrentes, que nous connaissons très bien. Les problèmes de logement, d’emploi et de logement reviennent assez souvent. Mais j’ajouterai aussi un état d’esprit en rapport avec un sentiment de mal-vie que nous n’arrivons malheureusement pas à vaincre.

Il y a dans la population aussi un sentiment de défiance envers les responsables et les élus. Mais cela n’empêche pas l’instauration d’un débat, pour peu qu’on prenne la peine de les écouter, eux aussi ils écoutent. Ils affichent une grande disponibilité au débat de leurs problèmes et de leurs préoccupations. Contrairement à ce qui s’écrit sur les réseaux sociaux, les Algériens ne sont pas dans le refus de tout contact avec la classe politique. Je le constate au quotidien depuis le début de cette campagne. A aucun moment, je n’ai été témoin d’un comportement déplacé de la part des citoyens.

Justement, les citoyens posent, avec insistance, la question de la crédibilité des parlementaires. Selon vous, comment y remédier?

Vous savez, la crédibilité ne s’offre pas et n’est pas instantanée. Elle s’acquiert par le travail, le sérieux et la disponibilité. Il est vrai que l’on se focalise sur les députés et les manquements au devoir. Cela existe. Mais si nous voulons asseoir une démocratie, nous devons tous mettre la main à la pâte. Et partant, il est important que la lumière doit aussi être faite sur les avancées concrètes en matière de représentation populaire.

Tout n’est pas noir dans le travail du parlementaire. Il faut souligner, à ce propos, que l’Assemblée nationale populaire est une institution de la République. C’est même la colonne vertébrale de la démocratie. Il faut la préserver et faire émerger les aspects positifs de la mission du Parlement. Et chemin faisant, rectifier ce qui ne va pas dans cette institution. Si je m’en tiens à mon expérience personnelle, de législature en législature, il y a une amélioration, en matière de niveau, de rendement et de rajeunissement. Cependant, je dois aussi préciser que cette tendance à mettre l’Assemblée populaire nationale sous les feux de la rampe et n’insister que sur ce qui est négatif, poursuit l’objectif de décourager les citoyens de leurs propres représentants. Ça amènera l’opinion à penser que la démocratie ne sert pas à grand-chose. Il y a là une volonté de décrédibiliser tout ce qui peut être l’émanation de la représentation populaire. Vu sous cet angle, on met le doigt sur une stratégie machiavélique, dont l’objectif est de tuer dans l’oeuf la démocratie naissante.

Mais la campagne, telle qu’elle se mène par les acteurs politiques ne donne-t-elle pas de l’eau au moulin des détracteurs de cette démocratie naissante?

Je ne veux pas préjuger de l’action et des discours des autres acteurs politiques. A notre niveau, au RND, nous avons présenté des candidats de la base militante, ancrés dans leur milieu social et professionnel et disposant d’expérience dans l’exercice de la représentation populaire au plan local et national.

Ces candidats portent un programme équilibré et cohérent. Pour notre part donc, nous agissons dans le sens de la promotion du débat et nous contribuons à la construction de la démocratie. Dans nos contacts avec les citoyens, nous insistons sur le fait que la démocratie est, actuellement, le meilleur mode de gouvernance qui existe à travers toute la planète. Nous les exhortons à prendre part à l’édification de cette démocratie en allant voter. C’est le seul moyen pacifique pour vaincre les tenants du statu quo.

C’est la première législature de la nouvelle Constitution. Elle intervient dans un contexte interne et régional difficile. N’y a-t-il pas un enjeu plus stratégique que la simple question de la gouvernance?

Je pense que le président de la République s’est fait un devoir d’ancrer l’Algérie dans une ère démocratique véritable. A ce propos, la réconciliation nationale était un acte majeur. Aujourd’hui, la démocratie se renforce et se consolide. La dernière révision constitutionnelle vient élargir l’horizon démocratique. Les partis de l’opposition qui ont accepté d’entrer dans ces joutes électorales apportent une importante contribution à la marche de l’Algérie dans la consolidation de l’édifice constitutionnel.

Ces élections interviennent dans un contexte certes plein d’espoir, à voir l’ambiance et le consensus politique qu’elles suscitent. Mais dans le même temps, il y a beaucoup d’appréhensions au plan régional. Le pays évolue dans un environnement hostile. Les forces qui ont détruit la Libye ciblent l’Algérie.

L’Algérie tient bon grâce au formidable travail de ses forces de sécurité, mais également à la vigilance des citoyens qui ne veulent en aucun cas retourner à la décennie noire. Ce contexte est aggravé par la crise économique. Nous pouvons faire face à cette conjoncture en s’armant de démocratie. Il faut construire des institution démocratique fortes. Mais encore faut-il que la société suive cette dynamique et apporte elle aussi son eau au moulin démocratique de l’Algérie.