Depuis la mort tragique, en juillet dernier, d’une parturiente et de son bébé à Djelfa à cause de négligence médicale, tous les regards sont rivés sur les hôpitaux algériens qui se caractérisent par leur état désastreux. En effet, si la mauvaise gestion et l’anarchie qui règnent dans les infrastructures médicales se sont banalisées au fil des années, les voix des citoyens, aujourd’hui, se font de plus en plus entendre surtout avec la généralisation de l’utilisation d’Internet et ses réseaux sociaux devenus un véritable moyen de dénonciation.
Sur la Toile, il ne se passe pas un jour sans qu’un incident ou un cas de négligence médicale ne soit dénoncé sur les réseaux sociaux, vidéos ou photographies à l’appui. Ces dépassements sont aujourd’hui exposés au grand public et créent même le buzz, parfois au-delà des frontières, suscitant l’indignation de la population. Le corps médical, pour sa part, ne cesse de se défendre contre les accusations et ripostent aussi à sa manière, via la Toile, en rapportant à son tour des images d’agressions dont les médecins et infirmiers sont victimes.
« La situation s’est vraiment dégradée au fil des années, 80% des hôpitaux algériens ne fonctionnent pas correctement. Mais le véritable responsable de ce malaise n’est autre que l’administration qui opte pour le laisser-aller et ne fait pas son travail. Résultat des courses, les médecins les paramédicaux sont dépassés et découragés et les patients sont hors d’eux », a déploré Ghachi Lounès, président du Syndicat national des paramédicaux, qui a appelé à une véritable réforme du secteur de la santé.
« Il est plus que temps pour que les choses changent. Le projet de loi sur la santé était vraiment intéressant et susceptible de régler de nombreuses anomalies, mais comme le gouvernement a décidé d’ajourner le dossier, nous n’avons qu’à nous montrer patients », a-t-il conclu. Cependant, notre interlocuteur n’a pas manqué de remettre à l’ordre certaines choses. « Il ne faut pas donner systématiquement raison aux patients. N’oubliez pas que les membres du corps médical sont régulièrement victimes d’agressions au sein même de leur lieu de travail.
Les gens ont nourri un haine incroyable envers les travailleurs du secteur médical », a-t-il constaté. En effet, le grand nombre de cas de décès suite à négligence médicale, appuyé par une véritable campagne de dénonciation sur le net, sont des preuves palpables du calvaire que vivent les malades dans certaines structures hospitalières.
Cependant, grâce à cette révolte des citoyens, certains responsables commencent à bouger et à se faire entendre dans leurs établissements. C’est le cas du directeur de l’hôpital de Boumerdès, qui a vite réagi suite à la diffusion sur la Toile d’une vidéo filmant des employés de l’hôpital en train de déguster des glaces alors que les patients attendaient. Le responsable, qui s’est exprimé via une chaîne de télévision privée, a assuré qu’une enquête a été déclenchée et que les responsables de tels agissements allaient faire face à de sévères sanctions.
