Révélations Fracassantes de Benyounès sur les importateurs de véhicules, Les “vampires” de l’automobile

Révélations Fracassantes de Benyounès sur les importateurs de véhicules,  Les “vampires” de l’automobile

amara-benyounes_850356_679x417.JPGUne véritable bombe lancée par le ministre du Commerce

Amara Benyounès est-il devenu le Don Quichotte du gouvernement ou alors s’agit-il d’une rupture de l’omerta qui protégeait les complicités entre pouvoir politique et économique?

La guerre est ouverte entre les puissants lobbies de l’importation et le gouvernement. Le ministre du Commerce a pointé du doigt les concessionnaires automobiles, les accusant directement de ne pas payer leurs impôts «Nous nous sommes rendu compte d’une chose qui est quand même incroyable: c’est parmi les plus grands vendeurs de voitures en Algérie qu’il y a moins de déclarations d’impôts. Cela veut dire que leurs marges (bénéficiaires) sont faites à l’étranger», a déclaré le ministre du Commerce dans son allocution prononcée lors de la cérémonie de remise du «Trophée export 2014». «Nous sommes le seul pays au monde où nous pouvons importer autant de voitures que nous voulons. Les concessionnaires algériens ne sont jamais limités dans le nombre de leurs importations», a-t-il observé. Pour stopper cette hémorragie l’Algérien exigera aux concessionnaires, à partir de 2016, de déclarer l’impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS). Durant les dix dernières années, l’Algérie a importé entre 350.000 et 400.000 véhicules en moyenne annuelle pour une facture estimée à plus de 5 milliards de dollars annuellement. «Notre pays est devenu une très grande aire de stockage de voitures. Aucun pays au monde ne fait ça», a déploré le ministre. M.Benyounès a rappelé que les licences d’importation prévues par le projet de loi sur le commerce extérieur, qui sera présenté en plénière dimanche prochain à l’Assemblée populaire nationale (APN), seront appliquées exclusivement sur «les gros chapitres qui touchent d’une manière sérieuse la balance commerciale du pays». En touchant au péché lucratif des concessionnaires automobiles, Amara Benyounès ouvre un front où la guerre sera sans dentelle. Il en est d’ailleurs conscient en affirmant à juste titre: «Nous allons toucher de très gros intérêts. Nous allons toucher des lobbies importants qui sont installés dans le commerce extérieur et qui sont dans l’importation depuis une quinzaine d’années avec des chiffres d’affaires absolument astronomiques» et ajoute que ces importateurs n’ont jamais daigné investir dans l’industrie pour, au moins, créer des emplois. Cette sortie médiatique fracassante fera date et les hostilités sont désormais ouvertes avec comme enjeu une cagnotte qui fait baver. Rien que pour ces 10 dernières années, l’Algérie a accusé un manque à gagner d’au moins 25 milliards de dollars, ce qui est énorme pour un pays en proie à une grave crise financière.

Les principaux concessionnaires étrangers, en particulier Renault, Peugeot, Toyota et Kia Motors détiennent à eux seuls près de la moitié du marché automobile en Algérie (37% en 2012) et sont accusés de réaliser leurs marges bénéficiaires à l’étranger pour échapper au fisc algérien. Ce qui n’est pas le cas des concessionnaires algériens dont Sovac gratifiés d’une bonne note par une enquête de la Dgi.

Dans cette guerre qui s’annonce féroce, Benyounès a élargi le front. En effet, en plus des véhicules, qui feront l’objet de licences, le ministre a cité les produits électroménagers dont la facture a atteint plus de 500 millions de dollars et le ciment importé pour 600 millions de dollars l’année dernière. «On veut nous orienter vers des petites bricoles du commerce extérieur (comme le kiwi et les bananes) pour faire oublier l’essentiel», a-t-il lancé. Les importations d’aliments de bétail, dont la facture annuelle est de 1,6 milliard de dollars, seront aussi soumises à une licence d’importation. Benyounès ouvre le feu: «L’importation des aliments de bétail est détenue par 4 ou 5 opérateurs qui réalisent une moyenne annuelle d’importation estimée à 400 millions de dollars pour chacun. «Personne ne les connaît ou entend parler d’eux. Le plus gros employeur d’entre eux emploie 32 personnes.» En dégainant de cette manière Benyounès a-t-il les moyens de sa politique?

Le gouvernement va-t-il le soutenir dans cette mission périlleuse?

La criminalité financière a gangréné le pays et va jusqu’à menacer les démembrements de l’Etat. On est face à une entreprise criminelle d’une extraordinaire structure. Son personnel est constitué de ministres, de P-DG d’entreprises, d’élus et d’hommes politiques qui s’adonnent sans retenue au pillage de l’Algérie.

De véritables prédateurs de la République. Plus grave encore, le fléau dépasse même les frontières pour prendre une dimension internationale. Il ne s’agit plus de simples affaires de corruption circonscrites, de réseaux de trafics ou de détournements d’argent. Dans ses formes les plus élaborées, cette corruption transnationale se réalise ainsi grâce à la collusion de trois partenaires: le milieu des affaires, le pouvoir politique et les professionnels de l’escroquerie, les trois réunis pour l’occasion dans le cadre d’un joint-venture frauduleux à grande échelle.

Le milieu des affaires, banques, entreprises concernées, commandite les opérations et assure le montage juridique et financier.

Le pouvoir politique garantit la couverture administrative, policière et juridictionnelle des opérations. Enfin, les professionnels de l’escroquerie se chargent de l’exécution. Ils sont capables de réaliser n’importe quelle opération financière sans le moindre soupçon et peuvent dégager des sommes importantes dont la destination échappera à toute investigation. C’est à ce genre d’entreprises qu’est confrontée aujourd’hui l’Algérie.