Rêve, utopie ou fable algérienne : Le tourisme peut-il remplacer le pétrole?

Rêve, utopie ou fable algérienne : Le tourisme peut-il remplacer le pétrole?

La question ne relève pas du tabou, mais elle n’a jamais été posée: «Le tourisme peut-il vraiment remplacer le pétrole en Algérie?»

Faut-il croire ceux qui préconisent que les services, et particulièrement le tourisme, pourraient être une alternative au pétrole? Ou au contraire, il faut tout simplement classer de pareilles affirmations au registre des rêveries, des utopies et des fables. Il est évident que dans certains pays, le tourisme est devenu un important contributeur économique dans le PIB national et un gisement indéniable pour l’emploi. Cependant, cette place a été glanée au bout d’une période très longue, avec des moyens conséquents et des investissements colossaux sur des décennies. La contribution du tourisme dans le meilleur des cas, ne dépasse pas les 30% du PIB national dans le monde, le cas de la France, première destination mondiale en 2017 avec plus de 80 millions de visiteurs et une recette touristique dépassant les 160 milliards de dollars, soit environ 7% du PIB français. Je voudrais m’étaler sur le cas français et décortiquer son montage en tant que modèle, avec ses hôtels, ses compagnies, ses écoles, avec ses universités, ses voyagistes ses mises en tourisme de régions, de communes, son transport aérien routier et ferroviaire performant sans pour autant oublier ses patrimoines dans toutes ses diversités. Cette situation de leader n’est pas le fait du hasard et du bricolage, elle est le fruit d’une politique des pouvoirs publics, de stratégies mises en place depuis des décennies, autour de compétences de think tanks touristiques qui produisent expertises, analyses, stratégies, visions et prospectives sur 50 ans. Dans notre cas, en Algérie, la contribution du tourisme au PIB ne dépasse pas les 250 millions de dollars/an, un chiffre bien maigre, dû au fait que nous continuons à patauger dans la gadoue sans visibilité, sans boussole et sans stratégie. Rien ou presque n’est sérieusement entamé dans ce domaine pour faire du tourisme une alternative aux énergies fossiles. Les exigences du marché, les normes et les standards des services nous imposent une rigueur dans toute la chaîne de production, allant du transport aérien, en passant par les hôtels, les restaurants et les patrimoines. La liste est longue des exigences de services pour séduire les acteurs, les prescripteurs et le grand public.

Aujourd’hui, nous n’ avons pas les moyens, encore moins la volonté de construire une destination avec toutes ses exigences matérielles et sa composante pour aller vers les marchés. Cette situation déplorable, ne semble pas connaître un véritable renouveau dans la politique de développement touristique ni dans les stratégies à préconiser encore moins dans les actions à mener au niveau local. C’est connu, de par le monde, c’est la filière balnéaire qui rapporte le plus de recettes. Elle se classe au top et c’est dans ce type de tourisme que les gouvernements puisent leurs recettes. Or, il semble que chez nous le balnéaire est une filière impossible à mettre sur les marchés internationaux du fait d’une offre inadéquate et non commercialisable. Déjà que nous peinons à répondre à la demande nationale dont plus des trois-quarts des Algériens vont en Tunisie du fait d’une absence d’offre compatible avec la demande qualité/prix.Que reste-t-il donc du tourisme saharien? Et qu’en est-il du tourisme patrimonial? Ne figurent-ils pas dans les tablettes du pays? On pense notamment au tourisme de bien-être, celui de congrès et de conférences, religieux et cultuel qui demeurent des niches en fait et ne pourraient en aucun cas drainer des millions de touristes. Prétendre à des recettes de 10 à 30 milliards de dollars/an, implique des efforts colossaux dans les infrastructures, la formation, les acteurs professionnalisés et très au fait des techniques de gestion, de vente et de management des destinations sur les marchés, l’hygiène et les offres de transport dans leurs diversités.Au rythme du pays, rien ne se fera dans l’immédiat. Cette situation fera perdre beaucoup d’argent au pays et des parts de marchés comme le cas des 2,5 millions de touristes algériens qui boostent la destination Tunisie à coups de milliards de dollars. Le chemin est foncièrement très long pour avancer dans le classement mondial.De plus, ces filières énumérées, ne peuvent pas faire l’objet d’une massification compte tenu de plusieurs facteurs comme les sites, l’écologie, les capacités de prise en charge, les besoins en eau et énergie etc…,le tourisme saharien avec sa diversité ne pourra dépasser dans les meilleurs des cas, les deux à trois millions de touristes et à condition que la logistique suit le mouvement des flux: offre de transport, animation des sites, hôtellerie etc. De ce fait, les niches touristiques n’ont jamais été de grands réservoirs financiers du tourisme, c’est un appoint à d’autres filières grand public tel que le balnéaire qui draine des millions de touristes.

Par