ALGER – Le ministre des Ressources en Eau, Hocine Necib, a affirmé jeudi à Alger que son secteur maintenait les mesures prises pour mettre fin au vol d’eau et au raccordement illégal, indiquant que le défi n’était pas uniquement l’augmentation des capacités nationales en matière de mobilisation et distribution d’eau, mais concernait aussi l’utilisation rationnelle de cette ressource.
Répondant à une question du sénateur Belkacem Kara sur le problème des fuites et pertes de grandes quantités d’eau et les mesures appropriées pour le régler, le ministre a précisé que l’Algérie mobilise annuellement 10,4 milliards de m3 dont plus de 3 mds de m3 notamment d’eau potable, soulignant qu’une grande partie de cette eau ne parvient pas aux citoyens en raison de sa perte dans des réseaux de canalisation désuets ou du vol par raccordement illégal.
Le taux de fuite des eaux potables au niveau national s’élève à 30 % environ du total du volume d’eau produit, a fait savoir le ministre qui a ajouté que son secteur effectue périodiquement des opérations de renouvellement et de maintenance des réseaux de distribution pour mettre fin à ce phénomène.
Durant la dernière période, poursuit le ministre, il a été procédé au renouvellement et au rétablissement des réseaux de distribution dans 44 villes à travers le territoire national. Il a rappelé que le programme en cours concerne d’autres villes au nombre de 39 dont 20 en cours d’étude et 12 en cours de réalisation et 7 ont vu les travaux parachevés dans les wilayas de Tamanrasset, Batna, Sidi Bel Abbes, Bachar et Souk Ahras.
Le premier responsable du secteur a rappelé qu’à la fin de 2017, il a été procédé à travers ces opérations au renouvellement des canaux sur une longueur de 1.750 km, outre 117.000 nouveaux raccordements individuels.
Parallèlement à ces programmes, M. Necib a fait état d’une série de mesures prises par l’entreprise « Algérienne des Eaux » afin d’améliorer la prise en charge des pannes à travers le redéploiement des agents et leur formation dans la détection et l’intervention rapide en vue de réparer les fuites, tout en raccordant une partie des travaux aux jeunes entreprises afin d’accroitre les capacités d’entretien.
Le ministre a révélé que l’objectif de son ministère était de réduire graduellement les fuites à travers des travaux d’entretien d’environ 2.000 km de canaux annuellement conformément aux normes internationales en vue de réduire le taux de fuites de 18% permettant au secteur la récupération et la fourniture d’environ 3 millions m3 d’eau potable quotidiennement.
Par ailleurs, le ministre a rappelé que durant la période estivale de 2017, environ 6.880 perturbations en matière d’alimentation en eau potable ont été enregistrées à travers le territoire national pour de multiples raisons dont le manque de précipitations et la hausse des températures induisant une augmentation de la demande
Conformément à l’évaluation de la saison estivale dernière, M. Necib a indiqué qu’un déficit en matière d’alimentation en eau potable a été enregistré à travers 592 communes sur le territoire national, soulignant que le ministère a organisé plusieurs rencontres afin de préparer la saison estivale de 2018 couronnées par une réunion nationale tripartite avec les secteurs de l’Intérieur et de l’Energie, cette dernière a permis de parvenir à une mise en place d’un programme d’action tendant à assurer un approvisionnement quotidien dans plus de 300 communes, alors que le reste des communes a été programmé pour bénéficier d’un approvisionnement quotidien durant le deuxième semestre de l’année en cours.
Il a indiqué, dans le même sillage, que le conseil interministériel tenue le 5 mars dernier a adopté une feuille de route afin de poursuivre l’exécution des projets en cours visant la prise en charge des villes et des villages ayant enregistré un déficit en matière d’alimentation en eau potable ainsi que la rénovation de 7 petites stations de dessalement dans les villes côtières qui connaissent une forte affluence touristique durant la saison estivale.
Sur les plans organisationnel et opérationnel, le ministre a indiqué que des mesures avaient été prises en matière d’entretien d’équipements, de mobilisation des moyens d’intervention, de déploiement des agents, de coordination avec la société Sonelgaz, de lutte contre la fuite d’eau et les branchements illicites, et d’intensification du contrôle pour garantir la qualité des eaux.
Outre le budget sectoriel programmé, le gouvernement a consacré, selon M. Necib, une enveloppe financière supplémentaire d’une valeur de 31 milliards de DA pour financer les projets du secteur, et 6 milliards de DA en vue de soutenir l’Algérienne des Eaux (AE), tout en mettant en place des mécanismes de coordination avec les secteurs concernés et d’un agenda pour suivre et encadrer l’opération de transférer la gestion du service public de l’eau de 568 services communaux vers l’Algérienne des Eaux.
Pour ce qui est du phénomène du vol à travers le branchement aléatoire, le ministre a estimé, dans sa réponse à la préoccupation du même sénateur, que le taux d’eau non facturé représente, selon les premières estimations, environ 15% des eaux produites au niveau national, soulignant que le secteur œuvre, actuellement, à la lutte contre ce phénomène en intensifiant le contrôle par les agents de l’Algérienne des Eaux (AE) et « la police des eaux » en coopération avec les autorités locales et les corps de sûreté.
Selon le bilan de l’année 2017, il a été recensé 10.600 cas de branchements aléatoires, dont 5.500 cas réglés à l’amiable alors que plus de 3.000 cas ont été transmis à la justice, a ajouté le ministre.
Par ailleurs, M. Necib a rappelé que le taux de remplissage des barrages avait été estimé, jusqu’à la fin d’avril courant, à 66%, indiquant qu’il avait dépassé 70% dans le bassin de Chélif et les barrages de l’Est du pays.