Cette politique dénote d’une prise de conscience qui a été moralisée par les hautes instances pénitentiaires du pays, lesquelles ont pensé, ces dernières années, à des réformes allant dans le sens de réhabiliter le détenu avec son statut réel d’humain
Depuis les premiers jours de la réforme judiciaire, l’Algérie a franchi des étapes importantes. Et c’est dans cette logique de défis que s’est inscrit la réinsertion des détenus. Les chiffres sont probants, et les bilans louables. Sur une population carcérale estimée à 58 000 prisonniers, ils sont quelque 15 329 détenus dont 295 femmes qui ont concouru, il y a quelques jours, pour les examens d’aptitude dans différents paliers de l’éducation nationale.
En parallèle, plus de 6 500 détenus ont bénéficié après leur mise en liberté dans le cadre de programmes de réinsertion des services spécialisés en coordination avec les instances et les associations de la société civile con- cernées.
D’une simple formation, la direction générale de l’administration pénitentiaire élargit de plus en plus sa politique de réinsertion jusqu’à l’octroi de crédits bancaires pour la création de microentreprises.
Des mesures qui font systématiquement réduire le taux de récidives. A titre d’exemple, chaque détenu lisant un livre bénéficie de plusieurs mesures, dont la grâ-ce présidentielle décrétée en diverses occasions, par le Président de la République. En somme, même si, depuis une décennie déjà, un long chemin a été parcouru, «l’effort doit se poursuivre», pour reprendre Mokhtar Felioune, directeur général de la DGAP.
D’ailleurs, chaque année, les experts internationaux qui viennent apporter leur savoir- faire, font des éloges sur la situation des établissements pénitentiaires algériens. Par ailleurs, il convient de préciser que les services extérieurs de réinsertion aident les détenus à constituer des dossiers administratifs et leur servent d’intermédiaire avec les institutions. Ces structures apportent aussi un soutien psychologique aux détenus libérés, comme elles suivent également l’application de la peine d’intérêt général, introduite par le code de procédure administrative et civile de 2008 comme peine de substitution à la peine d’emprisonnement. Depuis son entrée en vigueur en 2009, cette peine qui propose au condamné à moins d’une année de prison d’accomplir deux heures de travail non rémunérées par jour, a bénéficié à 4 361 détenus, a récemment fait savoir M. Felioune.
Outre les services extérieurs de réinsertion des détenus, l’administration pénitentiaire prévoit d’autres dispositifs de réinsertion sociale des détenus libérés.
Il s’agit de la liberté conditionnelle dont ont bénéficié 14 656 détenus à ce jour, la semi-liberté qui a bénéficié à 2 802 détenus depuis son entrée en application et l’autorisation de sortie (30 127 détenus), a précisé M. Felioune.
Afin de faciliter la réinsertion sociale des détenus, l’administration pénitentiaire a aussi développé le travail éducatif en faisant participer des détenus depuis 2009 au reboisement de 1 500 hectares à travers 14 wilayas, a indiqué le directeur général de l’administration pénitentiaire.
L’administration pénitentiaire a également employé 2 546 détenus dans différents domaines, notamment au niveau de chantiers agricoles et d’unités de production relevant du secteur pénitentiaire. Par ailleurs, 10 539 détenus ont reçu, depuis 2009, des formations dans le domaine de l’artisanat et des métiers.
M. Felioune a affirmé que le taux de prisonniers poursuivant des études dans l’un des cycles d’enseignement en Algérie «est unique au monde». Même la surpopulation carcérale qui constituait un vrai casse-tête, le travail assidu de la DGAP a permis de régler le problème, notamment grâce aux 13 nouveaux établissements, d’une capacité de 19 000 places, qu’elle recevra d’ici la fin de l’année.
Fouad IRNATENE