Alors que la raffinerie de Skikda traverse une étape très difficile, jamais vécue auparavant en raison d’inextricables problèmes nés de l’arrêt de la majeure partie de ses unités, voilà que contre toute attente le reforming 2 produisant de l’essence sans plomb vient de s’arrêter à son tour dans la journée de samedi.
En réalité, on s’attendait à ce que cette unité « rescapée », la seule encore en service, en excluant les toppings, s’arrête d’un moment à l’autre en raison de certaines anomalies qui la caractérisaient. Ainsi, l’arrêt du reforming 2, d’une capacité de production de 140 mètres cubes par heure, représente une véritable catastrophe pour le plus important complexe de raffinage du pays et même d’Afrique ! Selon des techniciens, si le redémarrage n’intervient pas rapidement, la raffinerie va s’arrêter complètement étant donné que les autres unités sont déjà à l’arrêt. Un autre coup dur qui intervient après de longs mois de tergiversations depuis l’arrêt programmé qui a débuté au mois d’avril 2017 et qui devait durer un peu plus d’un mois. Dans cet intervalle, le programme de maintenance des unités élaboré par des cadres spécialisés, sur la base d’une expertise, devait être exécuté mais pour diverses raisons n’a pas été respecté finalement et certaines interventions n’ont pas été effectuées ou au pire bricolées, selon les documents en notre possession. Pis encore, les unités réalisées par la firme sud-coréenne Samsung récemment dans le cadre du projet de réhabilitation, de modernisation et d’extension des capacités de la raffinerie faisant partie de «la zone d’adaptation» dans le jargon propre des travailleurs du complexe, sont également complètement à l’arrêt.
Des investissements colossaux consentis par Sonatrach à coups de milliards de dollars dont il ne reste plus que d’imposantes structures en métal pointées vers le ciel qui attendent un hypothétique redémarrage.
Du coup, l’ambiance de travail en a subi un sérieux coup et personne n’entrevoit la moindre solution à l’horizon corsant le désarroi des cadres et techniciens qui ne savent plus à quel saint se vouer sachant que le complexe vit des moments cruciaux où même la direction du complexe semble être résignée. C’est un genre de marasme qui prévaut et qui est né des suites de certaines décisions ayant trait en particulier au grand remue-ménage opéré au sein des cadres parmi lesquels certaines compétences se sont vues reléguées à des postes en deçà de leurs compétences, d’autres carrément marginalisés et enfin la promotion à des postes de responsabilités sensibles pour d’autres cadres, selon des travailleurs du complexe.
Cette action a aggravé l’écart entre le directeur et la plupart des cadres compétents qui ont fini par exprimer leur refus total de cautionner une situation délicate de la raffinerie. Un climat de suspicion s’est instauré poussant plus d’une dizaine de cadres à adresser une pétition à leur tutelle pour dénoncer des dépassements de la direction de la raffinerie. Actuellement le manque à gagner est considérable pour le pays au moment où ses ressources se tarissent inexorablement. A la raffinerie de Skikda en tous cas, c’est le temps de toutes les incertitudes.