Projet de loi de finances complémentaire 2018 : Le président impose une deuxième lecture

Projet de loi de finances complémentaire 2018 : Le président impose une deuxième lecture

Le chef de l’Etat prend le temps d’évaluer les conséquences des dispositions contenues dans le projet de la loi de finances complémentaire sur le pouvoir d’achat des Algériens.

Le staff de Ouyahia ne se rendra pas aujourd’hui à la présidence. La réunion du Conseil des ministres, qui était prévue initialement pour ce mercredi, a été reportée, selon un membre du gouvernement. Les raisons de ce report sont liées à la nature du projet de loi de finances complémentaire 2018. Selon notre source, le président veut faire une deuxième lecture du projet de loi avant son passage en Conseil des ministres probablement, mercredi prochain. Ce projet de loi qui prévoit une batterie de taxes fait craindre le pire déjà. Le président va-t-il revoir la démarche du gouvernement? Telle est la question qui reste pendante. Après une loi de finances 2018, vivement critiquée et rejetée par l’opposition, le chef de l’Etat prend le temps d’évaluer les conséquences des dispositions contenues dans ce projet sur le pouvoir d’achat des Algériens.

Ces derniers n’ont pas encore avalé la pilule des augmentations induites par la loi de finances de 2018, lesquelles ont sérieusement fragilisé le portefeuille des ménages. Le gouvernement ne doit pas s’aventurer avec le rajout des taxes supplémentaires. Celles-ci doivent être minutieusement étudiées pour éviter toute action de contestation, surtout que la conjoncture ne s’y prête pas. Au dernier tournant de son mandat présidentiel, le président Bouteflika, qui a toujours sauvegardé le caractère social, veut épargner au citoyen lambda de nouvelles charges.

Le chef de l’Etat entend s’assurer d’abord de la nature des taxes et des catégories ciblées dans la société pour décider de ce qu’il y a lieu de faire. Dans son document, le gouvernement de Ahmed Ouyahia prévoit d’introduire «une taxe supplémentaire provisoire préventive», qui sera appliquée sur les marchandises finies importées, dont le taux variera de 60% à 200%, afin de protéger la production locale de la concurrence étrangère. L’exonération de la TVA au profit des opérateurs privés ayant lancé en Algérie des usines de montage des véhicules neufs sera annulée, vu qu’elle a causé un préjudice au Trésor public. L’avant-projet de la LFC 2018 réintroduira l’imposition de la TVA de 19% sur les ventes des véhicules neufs. Ce qui risque de revoir à la hausse les prix des véhicules qui donnent déjà le tournis. Il n’y a pas que ça.

Le gouvernement compte soumettre l’enregistrement d’une nouvelle carte grise au paiement d’un montant conséquent. L’automobiliste devra payer, désormais, une somme qui variera selon la puissance du véhicule entre 10.000 DA et 20.000 DA. Un droit de timbre de 5 000 DA sera également fixé pour l’acquisition ou le renouvellement du permis de conduire. Ces dispositions vont toucher, sans doute, une large partie de la société, ce qui risque d’embraser le front social qui est déjà sous pression. L’avant-projet de loi de finances complémentaire 2018 accorde, pour la première fois en Algérie, le droit de concession des terres agricoles du domaine privé de l’Etat, aux personnes physiques de nationalité étrangère, dans le cadre du partenariat public ou privé. Jusqu’à présent, l’exploitation des terres agricoles du domaine privé de l’Etat est concédé uniquement à la personne physique de nationalité algérienne pour une durée maximale de 40 ans renouvelable, moyennant le paiement d’une redevance annuelle, déterminée par la loi de finances.

En somme, les dispositions contenues dans ce projet n’augurent pas de bonnes choses. Il y a lieu de souligner que la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune a plaidé récemment pour une loi de finances complémentaire pour l’année en cours à l’effet, selon elle, de «corriger la loi de finances 2018 qui consacre une politique d’austérité mortelle et provoque la majorité du peuple». Se référant au contexte régional, la Dame du PT a soutenu que c’est à «l’Etat qu’incombe la responsabilité de réunir les conditions pour immuniser le pays et préserver la cohésion sociale», et ce, par le biais d’une «politique à la hauteur des espérances et des besoins de la majorité, en diminuant les situations de tension».