Présidentielles russes : Poutine seule alternative face à un occident belliqueux ?

Présidentielles russes : Poutine seule alternative face à un occident belliqueux ?

Dimanche 18 mars, 108 968 869 Russes inscrits sur les listes électorales au 1er janvier sont appelés à élire leur président, ainsi que 1 875 408 ressortissants résidant à l’étranger y compris en Algérie. 

Cette 7e élection présidentielle multipartite en Russie depuis la fin de l’ère soviétique ne coïncidera avec l’anniversaire du retour de la Crimée à la « Grande Maison de Russie », proclamé par Moscou le 18 mars 2014.

La campagne officielle a déjà débuté à la télévision le 19 février pour s’achever deux jours avant le vote, le 16 mars. Sur le terrain, la plupart des candidats sillonnent déjà les régions, mais sans grande affluence pour les candidats autres que « le Grand leader » Vladimir Poutine qui a réussi, aux yeux de la majorité des Russes, à rendre à la « Sainte Russie » son lustre d’antan, et par là même son retour incontesté en tant que super puissance mondiale. Le second tour est prévu au plus tard trois semaines après le premier, « qui ne reste que théorique depuis l’accession au pouvoir de Vladimir Poutine il y a dix-huit ans », soulignent les observateurs. « Les Russes ne voient pas le Kremlin aux mains d’une personne. Poutine incarne la Russie.

Poutine c’est la Russie », commente-t-on à Moscou. Toujours est-il que le seul enjeu, pour l’actuel chef du Kremlin, réside dans le taux de participation, remarquablement stable et élevé depuis 2000 avec un 65 %. Un taux qui ferait pâlir d’envie n’importe quel pays occidental où les citoyens ne votent pratiquement plus à cause des promesses non tenues des candidats.

Mais aussi du fait que leurs pays sont systématiquement « sous la botte américaine ». « La Russie, c’est autre chose. Le peuple russe est souverain, il n’acceptera jamais l’ingérence des Etats-Unis dans ses affaires intérieures », souligne une source diplomatique occidentale à Moscou.

Sept hommes et une femme se présentent, selon la liste définitive des candidats arrêtée jeudi 8 février par la Commission nationale électorale. Seuls deux d’entre eux, l’ultranationaliste Vladimir Jirinovski, et Pavel Groudinine pour le Parti communiste, représentés au Parlement, étaient exemptés de la collecte de signatures. Pour les autres candidats, issus d’une formation politique sans élus, 100 000 signatures de concitoyens étaient nécessaires – un seuil abaissé après les grandes manifestations de protestation de l’hiver 2011-2012. Pour les « indépendants », il en faut 300 000. Un seul candidat s’est présenté dans cette catégorie : Vladimir Poutine. Le président russe est également le seul, à ce jour, à avoir atteint la somme de 400 millions de roubles (55 millions d’euros) de dons, le montant maximum fixé par la loi pour les budgets de campagne.

Bureau de vote à Moscou

La presse occidentale fait état de sa mise à l’écart du scrutin en raison de condamnations pénales qu’il réfute. La presse française qui ne cache plus son hostilité à Poutine qualifie Navalny de « principal opposant du Kremlin », et n’hésite pas d’auréoler ce « champion de la transparence » d’homme aux mains propres. « Sur le terrain, Navalny appelle désormais au boycottage de l’élection et à la grève des électeurs. Son absence enlève au scrutin le peu de suspens qui restait », souligne la quotidien parisien Le Monde.

Avec un unanimisme qui pourrait sembler étrange, aussi bien Le Monde, que Le Figaro, RTL, Le Parisien, ou encore La Croix sont unanimes à couronner Alexeï Navalny de « prince des opposants » à Vladimir Poutine, à la politique de son gouvernement, aux élites au pouvoir en Russie. Ces titres « mainstream » se sont donnés le mot pour fragiliser Vladimir Poutine, qui force le respect même dans les arcanes de la Maison Blanche. Versant dans la désinformation et le subjectivisme, la presse parisienne n’a pas jugé utile de rappeler que le « Prince des opposants » a été, en décembre 2014, ainsi que son frère Oleg Navalny reconnus coupables d’escroquerie aux dépens la société française de cosmétiques Yves Rocher. Alexeï a été condamné à 3,5 ans de prison avec sursis, Oleg à 3,5 ans de prison ferme. Autre candidat qui n’a aucune chance de rejoindre le Kremlin, Pavel Groudinine du Parti communiste russe. Officiellement présenté à l’élection présidentielle russe, il s’est avéré que ce dernier possédait 13 comptes dans une banque suisse dont il avait oublié de mentionner l’existence à la Commission électorale centrale (CEC). L’information provient d’Alexandre Kinev, membre de la CEC, et avait été transmise au service fédéral du fisc de la part des autorités compétentes suisses le 31 décembre 2017. Le candidat s’est enregistré le 12 janvier. A présent c’est à la CEC, qui se réunira le 7 mars, de décider du sort du candidat communiste qui a qualifié cette information « d’intox ».

Affiche de la campagne électorale

Boris Titov, candidat à la présidentielle russe, a pris acte de l’énorme avantage sur ses rivaux du chef de l’État sortant Vladimir Poutine lors des prochaines élections. Selon lui, les candidats restants participent aux élections « en sachant le résultat d’avance ». « Pour parler franchement, nous participons à ces élections, des discussions se déroulent, tout en sachant le résultat d’avance, car aujourd’hui Vladimir Poutine a un énorme avantage sur nous tous, nous voyons le sens principal et y participons, car une question est en jeu : que sera la Russie après les élections, tout d’abord, l’économie russe après les élections », a-t-il déclaré. L’ombudsman délégué aux droits des hommes d’affaires, Boris Titov, entrepreneur qui a réussi, viticulteur, leader du Parti de la croissance, est entré dans la grande politique lors des législatives de 2016, et brigue désormais la fonction présidentielle russe.

De nombreux observateurs électoraux étrangers seront présents lors de l’élection. Selon le ministère russe des Affaires étrangères, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) entend, à elle seule, envoyer en Russie environ 500 observateurs. Toutefois Moscou n’autorisera pas les membres des missions diplomatiques américaines en Russie à participer à l’observation de l’élection présidentielle du 18 mars, a annoncé le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov. Les diplomates américains et le personnel des représentations des États-Unis en Russie ne seront pas autorisés à être observateurs électoraux lors de la présidentielle du 18 mars 2018, a indiqué le vice-chef de la diplomatie russe, Sergueï Riabkov.

Score des candidats à la présidentielle d’après les sondages d’opinion

1. Vladimir Poutine candidat indépendant 64,0%

2. Vladimir Jirinovski candidat du Parti libéral démocrate (LDPR) 6,6%

3. Pavel Groudinine candidat du Parti communiste (KPRF) 6,5%

4. Ksenia Sobtchak candidate du Parti Initiative civile 1,2%

5. Grigori Iavlinski candidat du Parti Iabloko 0,7%

6. Boris Titov candidat du Parti de la croissance0,2%

7. Sergueï Babourine candidat du parti Union populaire de Russie 0,2%

8. Maxim Souraïkine candidat du parti Communistes de Russie 0,1%

Par Djamel Zerrouk