Permanence des commerçant durant la fête de l’Aïd el-Adha: Des magasins ouverts sans marchandise

Permanence des commerçant durant la fête de l’Aïd el-Adha:   Des magasins ouverts sans marchandise

Il ne suffit pas de respecter la permanence et d’ouvrir son local, mais encore faut-il qu’il y ait un approvisionnement adéquat et une disponibilité totale des produits de large consommation.

Une mission qui n’a pas été accomplie convenablement durant la fête.

L’Association nationale des commerçants et artisans (Anca) estime que la permanence des commerçants a été respectée durant les deux jours de l’Aïd el-Adha dans la plupart des wilayas. Selon cette organisation, le taux se situe entre 99 et 100% selon les régions et les localités.

Cependant l’Anca a constaté des perturbations auxquelles ont fait face de nombreux consommateurs dans certaines communes qui n’ont pas publié à temps les listes des commerçants concernés par la permanence. D’où la fermeture de la plupart des locaux commerciaux au sein de ces APC.

L’association estime néanmoins que plus de 5 000 autres commerçants ont ouvert leur magasin pendant la fête même si leurs noms ne figuraient pas sur la liste des permanenciers.

Ce qui a porté le nombre, selon l’Anca, à plus de 40 000 commerçants alors que le ministère du Commerce a arrêté initialement le chiffre de 34 500. Par ailleurs, l’Anca a enregistré une hausse de 30% de la demande sur le pain avant l’Aïd. Les citoyens ont, en effet, voulu s’approvisionner à l’avance en pain car ils savent que pendant l’Aïd, la baguette se fera certainement rare et sera commercialisée à 40 DA ! Ce comportement des consommateurs n’a pas été sans conséquence sur les boulangers qui, les deux jours de l’Aïd, ont subi une mévente, souligne l’Anca. Le même constat est établi par l’Association pour la protection des consommateurs (Apoce) qui confirme que le programme de la permanence a été suivi à quasiment 100%. Cela est essentiellement dû aux sanctions prévues par la loi qui régit cette permanence. Cette loi prévoit des amendes et même des poursuites judiciaires à l’encontre des récalcitrants. Ainsi, dans la loi 13-06 relative aux conditions d’exercice des activités commerciales, il est fait mention de la fermeture des locaux commerciaux pour une durée d’un mois assortie d’une amende allant de 100 000 à 300 000 DA contre les contrevenants. En cas de non-paiement de l’amende, le dossier du commerçant concerné sera soumis aux juridictions compétentes.

Les commerçants préfèrent, de ce fait, éviter toutes ces tracasseries avec le ministère du Commerce et la justice. Toutefois, certaines boulangeries ont baissé rideau inhabituellement après que leurs propriétaires ont procédé à la distribution des quantités commandées de pain aux marchands ambulants venus avec leur fourgonnette pour les besoins de revente dans les différentes communes.

D’autres ouvrent leurs locaux mais uniquement pour éviter les sanctions en cas de contrôle des agents de la direction du commerce. Ces boulangers ne fabriquent qu’une petite quantité de baguettes qu’ils liquident rapidement. Ils laissent le soin de la vente à des prix élevés aux vendeurs ambulants qui prennent d’assaut la chaussée.

L’Apoce déplore aussi la faiblesse de l’offre en fruits et légumes les jours de l’Aïd. Les étals dans les marchés de gros et de proximité étaient affreusement vides. Il ne suffit pas de respecter la permanence et d’ouvrir son local mais encore faut-il qu’il y ait un approvisionnement adéquat et une disponibilité totale des produits de large consommation. Par ailleurs, dans plusieurs communes, les magasins sont restés fermés, toute la journée et aucun service minimum des différentes activités n’a été assuré. Ce qui dénote l’incapacité des services du ministère à imposer un contrôle rigoureux à travers tout le territoire national. Autrement dit, les quelque 2 000 contrôleurs désignés pour voir si les… 34 500 commerçants mobilisés à cet effet ont bel et bien ouvert leurs commerces, ne suffisent pas. Et le suivi quasi total de la décision ministérielle dont s’est toujours enorgueilli le département du commerce paraît peu vraisemblable, avouent des observateurs du marché. Un constat partagé aussi par de nombreux citoyens.

À n’importe quels moments de la journée de vendredi et de samedi, l’on a constaté la fermeture des commerces sur tout un boulevard, voire dans d’innombrables quartiers de la capitale… Des rues entières ont été désertées à la fois par les commerçants et les citoyens ! Ces marchands continuent à fermer leurs magasins puisqu’ils sont assurés, de par leurs affinités avec des responsables, que les sanctions prévues par la loi, ne leur seront pas appliquées. Dans certains cas, les pénalités sont tellement insignifiantes que ces opérateurs font fi des instructions de la tutelle..