Paris: le retrait de l’œuvre Necessita dei Volti, une atteinte à la liberté de création

Paris: le retrait de l’œuvre Necessita dei Volti, une atteinte à la liberté de création

PARIS – Le retrait de l’œuvre collective « Necessita dei Volti » (l’urgence des visages) du centre Georges-Pompidou, suite à une pression marocaine, est une atteinte « grave » à la liberté de création, a affirmé la députée française Marie-George Buffet.

« En dehors des considérations politiques sur la situation au Sahara occidental, le simple fait qu’un Etat étranger par un intermédiaire ou un autre exerce des pressions sur un musée public pour faire retirer une œuvre d’art est une atteinte grave à la liberté de création et de programmation », a souligné cette députée de la Gauche démocrate et républicaine dans une question écrite au ministre de la Culture, Franck Riester.

Pour elle, « il n’est pas acceptable qu’une œuvre, en raison de considérations politiques, soit retirée d’un musée public ».

L’œuvre en question est une œuvre collective d’artistes internationaux offrant un regard photographique sur la situation au Sahara occidental, retirée précipitamment du Centre Georges-Pompidou le 3 novembre 2018, alors que c’est le centre lui-même qui avait invité les auteurs, dont l’Américain Jean Lamore, pour venir l’exposer.

L’ouvrage, un ensemble de photographies diverses, montre la situation politique et humanitaire particulièrement préoccupante au Sahara occidental.

Après des protestations marocaines, la direction du centre a retiré le 3 novembre dernier l’œuvre sans pour autant la retirer, jusqu’à aujourd’hui, de son site Internet.

La députée Marie-George Buffet demande au ministre si ses services disposent d’éléments complémentaires sur les raisons de ce retrait et, le cas échéant, d’agir afin que l’œuvre puisse réintégrer la présentation permanente du Centre Georges-Pompidou.

Un des auteurs de l’ouvrage, Jean Lamore, a dénoncé dans un entretien à l’APS l’ingérence marocaine sur le centre ayant abouti à la suspension de la présentation de l’ouvrage, une décision qu’il a qualifiée « d’inacceptable ».

« C’est lamentable qu’au 21e siècle, en France, des œuvres d’art sont censurées et retirées d’une présentation sur la base d’une pression d’un Etat étranger. C’est inacceptable », s’était-il indigné, qualifiant cette décision, à laquelle il n’a pas été mis au courant, de « censure inacceptable ».

« C’est une censure inacceptable. La manière unilatérale dont elle s’est faite, on envoie des ordres (du Maroc) et Paris se plie. Tout ceci me laisse croire que nous ne sommes pas au 21e siècle. On revient au 19e et au 18e siècles », avait-il expliqué.