Sans-papiers algériens renvoyés d’Espagne: Des associations dénoncent l’expulsion de mineurs

Sans-papiers algériens renvoyés d’Espagne: Des associations dénoncent l’expulsion de mineurs

par Moncef Wafi

Sans-papiers algériens renvoyés d’Espagne: Des associations dénoncent l’expulsion de mineurs

La plate-forme citoyenne contre le Centre d’Internement des Etrangers (CIE) d’Archidona a dénoncé la poursuite des opérations d’expulsions des harragas algériens détenus depuis novembre dans le centre pénitentiaire. Elle a confirmé que mardi après-midi deux bus ont quitté la prison «pour un nouveau transfert qui entraînera une autre expulsion honteuse». L’association avait réclamé, 24 heures plus tôt, le gel de l’expulsion des mineurs, demandant que de nouveaux tests ostéométriques soient effectués pour déterminer l’âge de ces immigrés. Des tests qui ont été effectués donc lundi dernier mais avec pour résultat une marge d’erreur d’un an et demi sur l’âge légal, ce qui est en contradiction avec les documents présentés par le collectif. «La famille de l’un des mineurs nous assure qu’il était parmi les migrants expulsés», dénonce le collectif qui s’attaque à la permissivité du gouvernement espagnol qui «prévoit enfin d’autoriser» l’expulsion de mineurs, jugée illégale et ne répondant à aucune éthique. «Nous espérons que l’expulsion cessera, en attendant le prononcé de la Commission pour la protection des mineurs des Nations unies», a souhaité la plate-forme en question. Il convient de rappeler que cette dernière a demandé au cours de la semaine dernière d’arrêter l’expulsion de trois mineurs, présentant des preuves documentaires suffisantes pour affirmer la minorité de deux d’entre eux. À cet égard, ils ont expliqué qu’ils avaient des preuves documentaires telles que des certificats de naissance, demandant au bureau du procureur de les prendre en considération. Jusqu’à lundi dernier, le juge a rejeté la demande de sursis privilégiant les tests ostéométriques au détriment des preuves documentaires fournies, a expliqué la plate-forme. «En même temps, nous nous attendions à ce que la plainte déposée par Málaga Acoge auprès de la Commission des Nations unies pour la protection des mineurs entraîne la suspension de ces expulsions. Ayant été reçu hier (ndlr, le 18 décembre), nous n’aurons pas de réponse avant 48 heures», ont-ils précisé. En outre, ils ont assuré qu’au moment où les expulsions des deux mineurs seraient confirmées, la plate-forme déclencherait «des mesures juridiques différentes» pour les contester. Pour rappel, sept mineurs algériens sont enfermés dans la prison d’Archidona, transformé pour la circonstance en centre de détention provisoire pour près de 600 harragas débarqués sur les côtes espagnoles, près des côtes de Murcie, en novembre dernier. Par ailleurs, quelque 300 personnes se sont rassemblées, en ce début de semaine, devant la prison d’Archidona pour protester contre l’utilisation de ces installations comme centre d’internement des étrangers. La protestation a été conduite par des syndicats espagnols dont la puissante UGT, l’Union générale des travailleurs, proche du Parti socialiste ouvrier espagnol. Sous la devise Archidona est une prison, on n’emprisonne pas l’immigration, les organisateurs ont dénoncé le fait que plus de 500 Algériens arrivés par bateaux à la mi-novembre y ont été emprisonnés. «Ce sont des immigrants, pas des criminels», a protesté le représentant de l’UGT, Juan Miguel Contioso. Les manifestants ont également dénoncé l’utilisation illégale de la prison en tant que CIE, bloquant le transfert de quelque 240 travailleurs du centre pénitentiaire de Malaga, Séville, Cordoue et Grenade. Pour UGT, l’utilisation de la prison comme centre d’internement «est une expérience pilote des institutions pénitentiaires avant la saturation des CIE» puisqu’il existe un projet d’inclure pour les établissements pénitentiaires un module d’internement pour les étrangers. Le syndicat a également rapporté que la prison a accueilli 700 immigrés sous un régime carcéral, emprisonnés dans des cellules fermées rappelant les conditions difficiles de leur internement. Rappelons que les premiers harragas internés d’Archidona, près de Malaga, dans le sud de l’Espagne, ont commencé à être expulsés en Algérie, à partir de la semaine dernière.