Objectif 2019

Objectif 2019

Alors que les rumeurs envoient les ministres débarqués du gouvernement Tebboune à la tête d’exécutifs de wilaya, une sorte de recyclage des anciens profils, Ouyahia, lui, entame sa contre-attaque, se démarquant clairement des propos qu’on aurait pu lui prêter. Même s’il les a émis, le SG du RND condamne pourtant leur interprétation. Des lectures qui l’ont envoyé dans l’arène, faisant la critique de Sellal, ce qu’il a tôt fait de contredire.

A ce propos, il pointera d’un doigt accusateur des sites électroniques qui «alimentent les journaux de fausses et tendancieuses informations et les instrumentalisent». Grave et grossière accusation que celle portée contre l’indépendance et la compétence des journaux, Ouyahia déniant le droit aux médias de porter un jugement sur les déclarations d’un homme politique, chef de parti de surcroît. Tous les observateurs du microcosme politique ne sont pas sans ignorer le bras de fer qui s’est joué entre les deux hommes qu’on présente, à tort ou à raison, comme les deux prétendants les plus sérieux à la succession de Bouteflika. Si le limogeage de Sellal pouvait être interprété comme un désaveu d’El Mouradia, le score électoral du RND suggérait plutôt un retour en force du toujours directeur de cabinet à la présidence.

Cette dualité, voulue ou exagérée, ne pouvait échapper à l’analyse éditoriale et c’est tout naturellement que sa déclaration sur le «populisme» et la «démagogie» ait été traduite comme une pique adressée à son adversaire. Ouyahia fait-il marche arrière suite à la polémique née de l’interprétation de ses propos ou joue-t-il, simplement, la carte de la franchise ? Ouyahia sait que la route est longue jusqu’à 2019 et que des prétentions présidentielles, il vaut mieux ne pas en parler pour le moment.

Tous les candidats susceptibles d’être de potentiels présidentiables sont dans cette attitude de profil bas, le cas de Lamamra étant l’exemple à ne pas suivre. En effet, et selon l’ancien ambassadeur d’Algérie à Bruxelles, Halim Benattallah, les amis du ministre des Affaires étrangères sortant ne l’ont guère aidé en suggérant que son nom pourrait faire le consensus auprès des clans au pouvoir pour remplacer Bouteflika.

La guerre des noms et des ego d’aujourd’hui n’est que le prélude à la longue marche qui doit mener à El Mouradia et dans cette perspective, on se replace, on affine les alliances et on ne regrette pas trop de garder le silence.