Noureddine Bedoui, ministre de l’intérieur: Le style fait l’homme

Noureddine Bedoui, ministre de l’intérieur: Le style fait l’homme

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Il a présidé une réunion de coordination avec les cadres de son secteur à qui il a rappelé la détermination de l’État à protéger les terres agricoles.

Dans un climat de morosité qui impacte lourdement la scène politique nationale aphone et atone, un homme longiligne, athlétique et au teint basané capte les feux brûlants de l’actualité. Nouredine Bedoui, le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire a en plus du profil de l’emploi, le souffle long. D’est en ouest, du nord au sud, il sillonne le plus grand pays d’Afrique et affiche les performances d’un redoutable sprinter politique. «En termes de visites sur le terrain, seul Gaïd Salah peut le concurrencer», ironise un confrère pour souligner que le chef d’état-major est lui aussi omniprésent sur le terrain. L’on comprend maintenant pourquoi l’institut américain Gallup, cet étalon d’or du sondage politique, n’a pas fait de cadeau quand il a classé l’Algérie comme étant l’un des pays les plus sécurisés au monde. C’est parce qu’il y a du boulot qui est abattu sur le terrain. S’il n’est pas en visite de travail à mille lieux c’est qu’il est retenu, comme avant-hier par une réunion de travail. Mardi dernier, il a présidé une réunion de coordination avec les cadres de son secteur à qui il a rappelé la détermination de l’État à protéger les terres agricoles. Le dossier a fait l’objet d’une polémique qui a enflé pour atteindre les principaux partis de la majorité, à savoir le FLN et le RND.

Tout était parti d’une fuite d’un prétendu projet de la loi de finances complémentaire (LFC 2018), selon laquelle les étrangers peuvent acheter et exploiter des terres agricoles à condition qu’ils soient associés à des entreprises algériennes publiques ou privées. Quelle belle opportunité pour le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, de dégainer sur son rival du RND, Ahmed Ouyahia qu’il accuse d’avoir «dévié de la ligne novembriste». Il accable Ouyahia d’être l’instigateur de cet article qui permet de donner des concessions agricoles aux étrangers. L’article en question a été supprimé de la première mouture du projet de la LFC 2018. La charge de Ould Abbès a été trop forte. Et la mayonnaise a pris. Il a fallu attendre le dernier Conseil des ministres pour constater que la LFC 2018 ne contient pas l’article incriminé. Et Bedoui dans ce marécage? Il se met sur l’autre rive. Ses proches collaborateurs et ses camarades au gouvernement disent de lui qu’il est un homme affable, calme et réservé. N’a-t-il pas raison de rester silencieux devant ce qu’il convient d’appeler une mauvaise querelle? Loin de cette polémique, mais il vient de rappeler quand même les impératifs de l’Etat. Durant la même réunion de ce mardi, le ministre de l’Intérieur a insisté sur la nécessité «d’accélérer les efforts pour la création de nouvelles zones industrielles et de micro-zones industrielles au niveau des collectivités locales», selon un communiqué du ministère de l’Intérieur. Pour souligner l’importance du dossier, Bedoui insiste qu’il veillera personnellement «à la concrétisation de cet ambitieux programme sans porter atteinte aux terres agricoles».

Le ministre de l’Intérieur a boosté ses collaborateurs en vue d’accélérer «dans l’extrême urgence» la cadence du développement dans les régions du Sud et des Hauts-Plateaux, et ce en application des instructions du président Bouteflika. L’extrême importance devait être également accordée, aux yeux du ministre, au programme des deux Fonds du Sud et des Hauts -Plateaux, le ministre a souligné la nécessité d’accorder une extrême importance à l’accélération de la cadence du développement dans ces régions, notamment dans le Sud. Evoquant l’aspect sécuritaire, il a insisté sur l’intensification de la coopération avec les pays voisins «ainsi que la dynamisation et la promotion des mécanismes de coopération bilatérale, notamment dans les domaines de la sécurité et la formation», a précisé le communiqué du ministère. Un défi qui, selon Nouredine Bedoui, ne saurait être relevé sans la collaboration et «la coordination avec les instances concernées, notamment l’Armée nationale populaire (ANP)». C’est dans ce contexte qu’il a d’ailleurs annoncé la tenue d’une rencontre nationale sur le développement des zones frontalières pour examiner ses différentes dimensions de développement. Un discours limpide et sans langue de bois. Enarque de la promotion Mohamed Laïd Al Khalifa, en 1985, auditeur à la Cour des comptes, puis wali, Nouredine Bedoui a tracé sa voie. De sa matrice technocratique il a imprimé son moule, puis imposé son modèle avant de démontrer que l’ordre des choses n’est pas immuable sauf si on a simplement renoncé à le mouvoir. Ne dit-on pas que le style fait l’homme?