Négociations américano-saoudiennes sur la vente d’armements: Un contrat de plusieurs milliards de dollars

Négociations américano-saoudiennes sur la vente d’armements:  Un contrat de plusieurs milliards de dollars

Au besoin de s’assurer une hégémonie régionale s’ajoutent des craintes d’un bouleversement interne qui menace la famille régnante à Riyad.

L’Arabie Saoudite est en pleines discussions avec son protecteur américain pour l’achat d’armements, dont le montant s’élèverait à plus d’une dizaine de milliards de dollars, a rapporté hier l’agence de presse Reuters. Certains contrats sont nouveaux et d’autres étaient déjà en cours de négociations, à la veille de la première visite à l’étranger du président américain Donald Trump, depuis son investiture en janvier dernier, a indiqué une source sous le couvert de l’anonymat à l’agence anglo-saxonne.

Parmi les équipements prévus figure des livraisons du système de défense antimissile Terminal High Altitude Area Defense (Thaad), fabriqué par le groupe Lockheed Martin, et que les États-Unis viennent de déployer en Corée du Sud, face à la présumée menace nucléaire de la Corée du Nord. Le coût de ce système est estimé, à lui seul, à un milliard de dollars. Des véhicules de combat, de fabrication britannique du géant BAE Systems, dont le blindé Bradley Fighting Vehicle (BFV) et le canon automoteur M109, sont aussi concernés par les tractations en cours, selon la même source, qui ajoute que “les négociations portent également sur l’achat par Riyad d’un logiciel informatique de commandement C2BMC, ainsi que des systèmes satellitaires également fournis par Lockheed Martin”.

Avec la visite de Trump, des contrats déjà approuvés par le Département d’État en 2015, mais dont certains étaient bloqués par son prédécesseur Barack Obama, seraient éventuellement conclus. Il s’agit entre autres d’un programme de 11,5 milliards de dollars, portant sur quatre frégates de type Littoral Combat Ship (LCS), un bâtiment utilisé par l’US Navy, a expliqué la même source à Reuters. Les relations entre les États-Unis et l’Arabie s’étaient nettement dégradées les derniers mois du règne d’Obama, notamment en raison des centaines de civils tués par les raids saoudiens en Yémen, où Riyad mène une guerre d’agression contre les houthis depuis mars 2015, sous le couvert d’une coalition militaire dite arabe.

L’Arabie Saoudite est accusée d’ailleurs d’utiliser des bombes à fragmentation au Yémen, ce qui a poussé M. Obama à suspendre les livraisons de certaines armes et munitions à Riyad. Mais avec l’arrivée de M. Trump à la Maison-Blanche, Washington a débloqué l’accord relatif à la vente à Riyad de bombes à guidage laser. Cet accord comporte aussi un contrat de vente de munitions pour un milliard de dollars, y compris des têtes explosives, capables de détruire des bunkers.

Il faudrait toutefois, pour certains contrats, l’aval du Congrès qui prend en considération le fait qu’aucun pays du Golfe ne doit détenir des armes pouvant présenter un danger sur la sécurité de l’allié inconditionnel dans la région du Proche-Orient : Israël. Mais il est évident qu’en dehors du fait que la transaction profitera aux États-Unis, sur le plan économique, l’Arabie Saoudite cherche dans sa course à l’armement à jouer au jeu de la dissuasion contre son rival iranien. Riyad a aussi peur du front interne, aussi bien au sein de la famille royale, déchirée par de dangereuses rivalités, qu’au sein d’une société saoudienne de plus en plus exaspérée par un régime répressif et fermé sur lui-même.