Naziha Djedaïn, médecin vétérinaire, à l’Expression: “Il y a un problème de traçabilité du cheptel”

Naziha Djedaïn, médecin vétérinaire, à l’Expression: “Il y a un problème de traçabilité du cheptel”

Dans cet entretien express, Naziha Djedaïni, médecin vétérinaire et non moins membre de l’Association de protection et d’orientation du consommateur (Apoce) revient sur le sujet délicat de la viande putréfiée de l’année dernière et délivre quelques conseils aux consommateurs afin d’éviter que le même scénario ne se réédite.

L’Expression: Le spectre de la viande bleue qui a touché les montons l’année dernière, revient de plus belle à l’approche de l’Aïd El Adha. N’allons-nous pas assister au même scénario encore cette année? L’Etat a-t-il pris les mesures nécessaires pour…éviter que cela ne se reproduise?

Naziha Djedaïni: Pour ce qui est du scénario de l’année dernière quant à la putréfaction inexpliquée de la viande de mouton, en l’absence de traçabilité du cheptel ovin, chose qui aurait pu décourager les fraudeurs, aucune garantie n’est donnée et le risque reste présent.

La seule démarche prise par l’Etat cette année est de mettre à disposition du consommateur plus de marchés communaux qui sont au nombre de 500 à travers le territoire national et où le vendeur sera identifié. C’est une bonne démarche, mais cela reste toujours insuffisant pour couvrir toute la demande vu que plus de deux millions de têtes sont sacrifiées chaque Aïd, chaque année

Pour la putréfaction, ce sont les techniques d’engraissement qui sont à l’origine de cette «avarie». Mais on n’a pas connu la suite réservée à ce dossier. On n’a pas vu de personnes impliquées dans cette affaire.

Pour ce qui est du dossier de la putréfaction, à part la déclaration de l’ancien ministre de l’Agriculture impliquant la présence de compléments alimentaires dans les résultats préliminaires des échantillons analysés par les laboratoires de la Gendarmerie et de la Sécurité nationales, jusqu’à aujourd’hui aucune déclaration officielle ou compte rendu n’ont été donnés pour donner plus de détails ni pour rassurer le consommateur.

Finalement, le citoyen doit impérativement acheter son mouton dans les lieux réservés à cet effet. Or il y a des citoyens qui achètent leur mouton des semaines, voire des mois auparavant.

La moindre des choses pour le consommateur est d’acheter le mouton dans les marchés étatiques communaux, vu que l’identité du vendeur est connue et que le marché est couvert par un contrôle vétérinaire. Cependant, un contrôle vétérinaire ne garantit que l’absence de symptômes cliniques de maladie.

Quels conseils utiles donnerez-vous aux citoyens pour choisir leur mouton?

Les conseils seraient quand même d’acheter le mouton dans ces points de vente contrôlés, cela découragerait les fraudeurs. D’éviter d’acheter chez des inconnus. De choisir un mouton sans aucun signe externe anormal (blessures, fatigues, boiterie…).