Volkswagen (VW) bascule dans le rouge. Pour la première fois depuis plus de vingt ans, le constructeur allemand a affiché une perte au troisième trimestre, due aux 6,7 milliards d’euros provisionnés fin septembre pour faire face aux suites du scandale de ses moteurs diesel.
Selon les résultats publiés mercredi 28 octobre, le géant de Wolfsburg a enregistré une perte opérationnelle de 3,5 milliards d’euros entre juillet et septembre. Son résultat net s’affiche à – 1,7 milliard d’euros.
Néanmoins, hors provisions liées à la crise, le groupe peut s’enorgueillir de résultats solides sur les neuf premiers mois de l’année. Entre janvier et septembre, le chiffre d’affaires de VW a grimpé de 8,5 % par rapport à la même période de 2014, à 160,3 milliards d’euros.
« Reconquérir la confiance perdue »
« Les chiffres démontrent d’un côté la solidité de la substance du groupe VW, et de l’autre, ils font clairement ressortir les premières conséquences de la situation actuelle. Nous ferons tout pour reconquérir la confiance perdue », a déclaré Matthias Müller, le PDG du groupe, mercredi matin.
Pour affronter la crise, VW peut compter sur ses énormes réserves d’argent, immédiatement disponible : grâce aux 3 milliards d’euros obtenus lors de la vente des actions qu’il détenait chez Suzuki, les réserves nettes de liquidités du secteur automobile de VW s’élèvent à 27,8 milliards d’euros, contre 17,6 milliards en décembre 2014.
Malgré l’ampleur du scandale, le groupe table sur un maintien de ses ventes en 2015 à leur niveau de 2014, et sur une hausse du chiffre d’affaires de 4 %. Volkswagen a écoulé 7,43 millions de véhicules sur les neuf premiers mois de l’année, en légère baisse de 1,5 %. Le résultat opérationnel devrait en revanche accuser un important recul, a annoncé le groupe à ses actionnaires.
Réflexe patriotique ?
Ces déclarations correspondent aux informations publiées mardi 27 octobre par l’agence DPA, selon lesquelles les ventes du groupe en Europe n’auraient globalement pas souffert du scandale pour l’instant. Les Allemands sont restés fidèles à Volkswagen. Réflexe patriotique ou confiance dans les véhicules du groupe ? Selon DPA, les conducteurs germaniques ont même acheté plus de véhicules VW après la crise qu’avant. La stabilité des ventes enEurope recouvre cependant des situations très différentes : VW accuserait ainsi une chute nette en Grande-Bretagne. Le groupe refusait de commenter l’information.
S’il est encore très tôt pour mesurer les effets réels du scandale VW sur l’ensemble de l’économie allemande, les industriels du pays restent pour leur part confiants. Contrairement aux craintes de certains experts, qui anticipaient un effet négatif de la crise VW sur le « made in Germany », les industriels exportateurs n’ont pas revu leurs prévisions à la baisse. Au contraire : selon les estimations publiées mardi 27 octobre par la fédération des exportateurs et commerçants de gros (BGA), les exportations allemandes devraient progresser de 6 % en 2015, pour atteindre 1 200 milliards d’euros. Jusqu’ici, les experts tablaient sur une progression de 4,5 %.