La capitale Moscou, si décriée pour son trafic et connue pour ses immenses boulevards, fait peau neuve : un vaste programme de rénovation et d’embellissement de l’espace public a été lancé en 2015, avec l’ambition d’embellir, mais aussi d’organiser au mieux la vie publique dans cette ville de 1.000 km² et plus de 12 millions d’habitants.
Les Changements sont palpables voire de taille. A la faveur de ce lifting, la plus grande ville d’Europe s’offre, à présent, à ses habitants et ses visiteurs, sous ses plus beaux atours. Il est vrai que la Russie, hôte de la Coupe du monde 2018 de football, veut réussir avec brio l’organisation de cet événement sportif planétaire et montrer aux yeux du monde, la belle facette du pays et surtout celles des neuf villes retenues pour abriter le Mondial.
Trottoirs élargis, pistes cyclables, rues piétonnes particulièrement propres et animées en nocturne, constituent le lot de ces aménagements, conçus en priorité pour les piétons et cyclistes. La nuit, notamment lors des weekend, les places publiques connaissent une belle ambiance. Bravant le froid, de jeunes musiciens gratifient les passants de chansons du terroir, mais également de classiques et tubes célèbres, à la grande joie des Russes qui, à l’évidence, commencent à découvrir la flânerie, comportement pourtant pas très ancré dans les habitudes des Moscovites.
« Moscou est une ville avec un immense espace. Il est impossible de tout changer rapidement. Nous devons constamment aller de l’avant, pour mettre en place un environnement paisible. Nous avons besoin d’ un grand programme pour améliorer toutes les rues de Moscou », estime le maire de Moscou, Sergey Sobianine, sur le site officiel de la Ville de Moscou.
Pour rendre la ville aux piétons, le maire de Moscou a lancé en 2014 le programme « Ma Rue » considéré comme l’un des programmes de changement les plus ambitieux dans la capitale depuis les Jeux olympiques de 1980. Les Moscovites, invités à émettre leur avis sur les projets de rénovation, ont été plus de 150.000 à le faire à travers le Web.
En 2015, quarante-sept (47) rues ont été rénovées et relookées. Le trafic routier a sensiblement diminué, contribuant ainsi à l’amélioration de la vie du piéton.
Le stationnement sauvage fait partie du passé, grâce au parking payant qui a contraint les automobilistes à laisser leurs voitures en périphérie.
Centre-ville : jardins et espaces verts
Pour l’année 2016, un des projets ambitieux prévoit de réhabiliter l’aspect historique du boulevard « Sadovoye Koltso » (Anneau des jardins) en lui faisant retrouver sa beauté d’antan. Pas moins de 100 jardins et 1500 arbres vont jalonner le long boulevard périphérique de 16 kilomètres qui entoure le centre-ville de Moscou et où le bruit des véhicules est quasiment infernal.
Il est prévu également une totale rénovation des voiries et la suppression des anciens trolleybus.
Les plans de réaménagement pour 2016 toucheront également de célèbres rues comme Tverskaya, Novy Arbat, Petrovka, Sretenka, les quais du Kremlin ou encore le boulevard Yakimanka.
Les parcs de loisirs et de détente figurent aussi dans l’agenda. En 2016, quelque 49 parcs seront aménagés, sur les 150 prévus initialement dans le projet de la Mairie. La rénovation en 2011 du parc Gorki où se rassemblent les jeunes moscovites a été le premier pas de ce mouvement, suivi par le Centre des expositions (VDNkh).
Le métro, lui, a enregistré le 15 février dernier, l’ouverture de sa 200e station.
Avec ses 81 ans d’existence, le métro de Moscou est à présent long de plus 330 km. La toute nouvelle station de Salaryevo est l’une des stations les plus modernisées à Moscou. Il est possible de payer son trajet par cartes bancaires PayPass et PayWave aux tourniquets, ainsi que de les utiliser pour acheter des tickets à l’aide des distributeurs. Des appareils-emballeurs de parapluies y sont également installés. Tous les jours, plus de 8 millions de passagers prennent le métro.
L’année 2016 verra au moins 12 stations ouvrir, et vers 2020, le métro de Moscou s’agrandira de 46 stations supplémentaires, selon les prévisions.
Un Disneyland russe en 2018
Les Moscovites pourront dès 2018 disposer de leur propre Disneyland, non loin de la place Rouge. Un des principaux promoteurs s’est engagé à investir au minimum 1,5 milliard de dollars de fonds propres et d’emprunts souscrits dans l’Ile aux Rêves.
Les autorités ont officiellement annoncé que le parc verrait le jour sur une parcelle de près de 100 ha, située dans le lit majeur de Nagatino au Sud de Moscou, et ouvrirait ses portes dès 2018. La conception architecturale du parc est assurée par la compagnie britannique Chapman Taylor, alors que l’aménagement paysager est confié à l’italien Land Milano. Les travaux préparatoires sont en cours et la construction a démarré en mars.
Cependant, le climat a constitué le principal obstacle à la construction d’un parc Disneyland sous licence. A Moscou, un parc à ciel ouvert ne peut fonctionner que quatre mois dans l’année. Aussi, les autorités ont opté pour un projet de parc couvert (un bâtiment d’un seul bloc de 35 m de hauteur), capable d’accueillir le public toute l’année.
Le parc devrait attirer entre 4 et 6 millions de personnes par an. Les autorités et l’investisseur misent sur le tourisme national, mais espèrent que le parc incitera les touristes étrangers, qui ne passent que 3-4 jours en moyenne à Moscou, à s’attarder dans la capitale.
Destinée aux publics de tous âges, le parc comprendra, par ailleurs, une école de voile, une salle de concert, un hôtel trois étoiles de 410 chambres, des boutiques et des restaurants.
Des Moscovites restent cependant sceptiques vis à vis de ces rénovations à grande échelle. Ils considèrent que certains de ces projets risquent de porter atteinte à l’âme de la Russie, à l’image du projet de suppression des trolleybus et la riposte des citoyens qui soutiennent que ces bus électriques font partie de l’image de la ville et sont un moyen de transport écologique et peu cher.
