Yazid Alilat
En outre, l’OIM a critiqué, à plusieurs reprises, le traitement des migrants africains par l’Algérie, et notamment les opérations de rapatriement forcé. Ce n’est, pourtant pas, l’avis des Autorités algériennes, qui ont annoncé depuis l’été 2017, plusieurs opérations de rapatriement de migrants africains, dont des Nigériens, en situation illégale. Au mois d’août 2017, rappelle-t-on, c’était la présidente du Croissant-Rouge algérien, Saida Benhabyles, qui avait confirmé la reprise, dès mardi, 1er août 2017, des opérations de rapatriement des ressortissants nigériens, en situation irrégulière. Elle a, dans la foulée, souligné que l’opération de rapatriement de décembre 2016 avait coûté à l’Etat algérien quelque 800 milliards de DA.
En trois ans (2014-2017), au moins 18.640 Subsahariens avaient été rapatriés dans leurs pays, dont des Nigériens et des Maliens. L’annonce de la reprise des opérations de rapatriement des Subsahariens, en situation irrégulière, avait été, officiellement, annoncée par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif, qui a précisé que cette décision des Autorités algériennes avait été prise, «en étroite collaboration avec leurs homologues nigériennes. Dans l’objectif de mieux faire face au phénomène de l’immigration irrégulière et lutter contre les réseaux de la traite des personnes, les Autorités algériennes ont décidé, en étroite coordination avec leurs homologues nigériennes de la reprise à compter du 1er août 2017, des opérations de rapatriement de ressortissants nigériens, en situation irrégulière, en Algérie», a souligné le diplomate algérien, précisant que ces opérations font partie «d’une série de mesures prises par le gouvernement algérien, en vue de renforcer la coopération avec les pays d’Afrique subsaharienne, notamment le Niger et le Mali, à l’effet de juguler les flux migratoires irréguliers auxquels notre pays se trouve confronté. De son côté, le ministre algérien des Affaires étrangères Abdelkader Messahel, devant la polémique suscitée, en Algérie et à l’étranger, et par les ONG des droits de l’Homme, par les opérations de rapatriement de migrants subsahariens, a répondu que «l’Algérie suit de près le phénomène de l’immigration clandestine des Africains, pour qui l’Algérie est devenue une destination». Il a expliqué en juillet 2017, que le gouvernement est «en phase de prendre des mesures urgentes pour faire face à ce flux important de migrants clandestins, derrière lequel se cachent des réseaux organisés», des réseaux de trafic de personnes qui constituent désormais, «une menace pour la Sécurité nationale.»
Le ministre algérien a, encore, rappelé que l’Algérie a «des lois qui interdisent l’immigration clandestine sur son territoire.» Pour autant, ce n’est pas le point de vue d’Amnesty International, dont la directrice Algérie’, Hassina Oussedik, qui avait, au mois de juin dernier, rappelé les recommandations formulées par le Comité des travailleurs migrants à l’Algérie, en avril dernier. Ces recommandations consistent, a-t-elle déclaré à la presse, «d’une part, à établir des mécanismes de surveillance pour que les expulsions des travailleurs migrants respectent les normes internationales en la matière, et d’autre part à assurer le respect du droit de demande d’asile et le principe de non-refoulement.»
«La Convention des Travailleurs Migrants (CTM) et des membres de leurs familles, dont l’Algérie est signataire, interdit les arrestations arbitraires individuelles et collectives et les expulsions collectives, même quand il s’agit d’une personne en situation irrégulière», rappelle la représentante d’Amnesty Algérie, selon laquelle «l’Algérie ne dispose pas d’un cadre légal clair, concernant les travailleurs migrants». La Loi n° 08-11 de 2008 considère «l’entrée illégale sur le territoire comme une infraction pénale passible d’une peine maximale de cinq ans d’emprisonnement», expliquant qu’ «il est grand temps que l’Algérie transpose les normes internationales dans sa législation nationale.»