Mentalités et culture du tourisme: Ces ingrédients qui nous font défaut

Mentalités et culture du tourisme: Ces ingrédients qui nous font défaut

L’essor touristique dans tout pays est significatif de l’ouverture de ce dernier sur le monde. C’est à ce titre que ceux qui rejettent la «razzia» touristique refusent le développement du secteur soit au nom de la préservation d’une identité nationale qui serait menacée par l’acculturation, soit au nom d’une moralité qui serait mise à mal par les comportements des étrangers.

Les mille et un paysages de l’Algérie sont le meilleur témoignage de la splendeur du pays avec ses 1200 km de côtes, ses plages merveilleuses, sa corniche, ses grottes, les ponts suspendus, les villes antiques ou encore son Sahara envoûtant. Et pourtant, malgré cette diversité naturelle et ces vues pittoresques, l’Algérie n’est pas vraiment une destination touristique, comparativement à ses voisins. Alger affiche pourtant et depuis des années, la volonté de développer cette industrie porteuse d’emplois, mais sans réellement réussir. En 2017, seulement 10 000 touristes étrangers avaient visité le Sud algérien. Le chiffre est dérisoire, mais il traduit pourtant une hausse importante par rapport à 2016 qui n’avait enregistré que 7 500 visites. La faiblesse de ces chiffres montre l’ampleur de la tâche à accomplir pour hisser le tourisme en Algérie à la hauteur des espérances.

La question est de savoir où la machine grince du moment que l’Etat met les moyens pour développer ce secteur. En fait, le tourisme est une industrie fragile par nature qui dépend d’un ensemble de facteurs à partir desquels les touristes potentiels vont faire le choix d’un pays ou d’un autre. Il y a en premier lieu, l’image générale du pays à l’étranger, mais à celle-ci s’ajoutent des éléments liés à la sécurité, aux moyens de transports, conditions d’hébergement, l’hospitalité et, bien sûr, à la question du prix. Si les autorités s’attellent à assurer des questions comme la sécurité et travaillent à améliorer les

services, seule la question de l’hospitalité et de l’accueil du touriste par les opérateurs, mais aussi par le citoyen restent une donne qui leur échappe. Il s’agit là de mentalités qui ne peuvent être changées du jour au lendemain. En Algérie, le conservatisme et le conformisme archaïque, ainsi que l’intolérance sont le plus grand handicap du développement du tourisme. Peut-on recevoir des touristes dans le pays et leur interdire de porter des shorts? Peut-on accueillir des étrangers et fermer les restaurants durant le mois sacré? Est-il compréhensible que les vacanciers présents en Algérie se voient confrontés à l’absence totale d’une vie nocturne, de lieux de distraction et de loisirs? L’essor touristique dans tout pays est significatif de l’ouverture de ce dernier sur le monde. C’est à ce titre que ceux qui rejettent la «razzia» touristique refusent le développement du secteur soit au nom de la préservation d’une identité nationale qui serait menacée par l’acculturation, soit au nom d’une moralité qui serait mise à mal par les comportements des étrangers.

Ainsi donc, même si l’Etat construit les plus beaux complexes, il ne séduira jamais des touristes si les mentalités ne changent pas. Certes, en Algérie, les libertés sont garanties, cependant, l’Etat ne peut pas contrôler les mentalités. Ainsi donc, la volonté politique visant à développer le tourisme ne suffit pas à elle seule, elle doit être appuyée par une volonté citoyenne qui est tout aussi importante pour le développement et la mise en marche de cette locomotive dont l’économie algérienne a tant besoin. Simplement dit, outre les investissements relatifs aux infrastructures (transport, auberges, hôtels, restaurants…), le citoyen algérien doit jouer le rôle d’un vrai ambassadeur de son village, de sa ville et de son pays. Il doit revenir à ses origines ancestrales qui ont toujours fait de l’Algérien un hôte hors pair. Le citoyen doit également participer à l’entretien et à la préservation de son environnement afin d’accroître l’attractivité de sa région. Avec le tourisme, le pays réussira son pari de diversifier son économie, générer des dollars pour remplacer les pétrodollars, mais aussi de s’ouvrir sur le monde et les autres cultures. C’est cette révolution économique, mais aussi culturelle qui doit s’opérer et qui permettra de faire du tourisme un modèle du vivre ensemble, mais surtout une richesse renouvelable pour le pays. Pour le tourisme, l’Algérie et l’Algérien doivent prendre comme exemple la Turquie. Un pays qui, confronté à une sérieuse crise durant les années 70 du fait du premier choc pétrolier, a décidé de mener une politique de développement massif de l’offre touristique. Cette année, la Turquie attend 40 millions de touristes étrangers!

Par