Karim Mahamoudi, Président de la Confédération générale des finances, annonce, lors de son passage sur le plateau de la webradio, RadioM, la création d’un holding assurant la représentation des sociétés algériennes sur le continent noir pour parer un tant soit peu à l’absence des pouvoirs publics sur le terrain de la diplomatie économique en Afrique.
L’invité de « l’Entretien » de RadioM, Karim Mahmoudi, Président de la Confédération générale des finances, fait un constat cru et froid sur l’approche économique des pouvoirs publics notamment du fait que l’Algérie néglige jusqu’à présent le marché des pays africains.
D’emblée, l’interviewé pointe du doigt la politique budgétaire du gouvernement. « Il est clair que le monde est en ébullition, mais je pense qu’ils abusent du sécuritaire. Vous n’avez qu’à voir le budget de l’armée pour cette année (16,5 milliards de dollars) et 8.5 milliards de dollars pour l’Intérieur » souligne Me Mahamoudi.
Ce dernier estime que le mieux serait de réfléchir à investir à l’international dans des grandes entreprises étrangères. Cela aurait permis à l’Algérie, selon lui, « de faire un pas qualitatif, et on aurait permis aux techniciens algériens de réaliser le transfert de compétences. »
Le Maghreb est toujours une « vue de l’esprit »
Tout en regrettant que le Maghreb demeure à présent qu’ »une vision de l’esprit » l’invité de RadioM, soutient que » l’économique doit travailler en parallèle au politique », en dépit des malaises existants entre « régimes politiques des deux pays (Maroc, Algérie). »
Sur ce registre, Me Mahmoudi est revenu sur les détails de la demande d’agrément de l’ONG MaghrebPlus, une association maghrébine pour la promotion des relations économiques et financières, dont la mise en place vise à faciliter les relations entre investisseurs maghrébins.
Selon lui, après un premier dépôt de dossier en 2009, la demande d’agreement est restée au stade de « non réception » auprès des services du ministère de l’Intérieur. Ce dernier refuse d’accuser réception de la demande.
Suite à une seconde tentative en 2012, ainsi que la tenue d’une réunion avec le responsable de la vie associative au ministère, l’ONG MaghrebPlus a envoyé un huissier de justice, toutefois, en vain.
En parallèle, au Maroc, « nos frères marocains ont exprimé leur volonté d’installer le siège à Casablanca car ils peuvent avoir un agrément au cours de 50 jours », affirme-t-il. Et d’ajouter : »Je fais tout pour attirer l’attention des pouvoirs publics, en disant qu’il est dans l’intérêt de l’Algérie d’avoir ce type d’ONG à Alger. Mais dans l’extrême des cas je suis obligé de délocaliser cette association. »
Absence de diplomatie économique
Me Mahmoudi revient sur l’absence d’une « diplomatie économique algérienne » dans les pays africains. Il martèle que « nous avons besoin de véritables conseillers économiques au niveau de nos ambassades (…) il est de leur devoir d’orienter l’investisseur, de préparer des maquettes et expliquer comment investir ».
Cette absence, Me Mahmoudi l’illustre par le nombre de liaisons aériennes avec les pays africains. « Nous n’existons qu’au Mali, Niger, Sénégal, le Burkina Faso et la Cote d’Ivoire », précise-t-il.