Maubeuge: il décrète que son permis de conduire algérien est valable partout

Maubeuge: il décrète que son permis de conduire algérien est valable partout

Il avait le permis de conduire, mais l’avait décroché en Algérie. Et comme la sous-préfecture ne lui avait pas interdit de conduire, il a conduit. Et s’est fait prendre. Plusieurs fois. Ça, plus le cannabis, plus des fausses plaques d’immatriculation…

En mars 2015, les policiers contrôlent, avenue des Provinces-Françaises. Une Peugeot 407 attire leur attention, en raison de l’absence d’estampille sur ses plaques belges. Le conducteur, Lofti Sayah, un Maubeugeois de 23 ans, doit se justifier, ainsi que d’une odeur qui ne peut être celle d’aucun désodorisant de voiture. Il reconnaît. Oui, il fume du cannabis, il a d’ailleurs jeté son joint par la fenêtre en voyant la police, tenez le voilà.

Le contrôle des plaques fait mouches, puisqu’elle devraient selon les fichiers se trouver sur une Alfa Romeo. Et l’affaire devient croustillante. Le conducteur soutient qu’il a le permis de conduire algérien. Il a déposé une demande de conversion auprès de la sous-préfecture. Et comme depuis le temps, la sous-préfecture ne lui aurait envoyé aucun courrier lui interdisant de conduire, il s’est dit qu’il en a le droit.

Une conviction qui s’effondre après vérification auprès des autorités, qui confirment l’invalidité, le permis de conduire algérien devant passer par toute une série de conditions pour être homologué sur le territoire français, et encore sur une durée limitée. Le dossier judiciaire suit son cours.

Et voilà qu’un mois plus tard, en avril 2015, le Maubeugeois se fait de nouveau contrôler au volant. Et ressort… le même argumentaire candide sur son permis de conduire algérien que personne ne lui a interdit d’utiliser. On apprendra qu’il conduit également en Belgique, où il a eu aussi des ennuis avec la police routière. «  Monsieur se moque un peu du monde  », murmure le président du tribunal en compulsant l’ensemble de son œuvre. Le procureur n’en pense pas moins. «  Il le savait, qu’il n’était pas autorisé à conduire, puisqu’il avait déposé la demande d’authentification  ».

Il requiert six mois de prison ferme et l’interdiction de conduire tout véhicule à moteur. En défense, Me Boudard tente de faire passer la qualification de conduite sans permis de délit à contravention : «  le permis de M. Sayah il existe, c’est juste qu’il n’est pas valide  ». Mais le tribunal suivra à la lettre les réquisitions.