Marché informel de la devise: L’euro frôle la barre des 200 DA

Marché informel de la devise: L’euro frôle la barre des 200 DA

Au square Port-Saïd, place forte des cambistes algérois, l’euro est cédé à 198 DA.

La monnaie nationale poursuit sa dépréciation face au dollar et à l’euro. En effet, moins de 24 heures après la hausse de la monnaie européenne face à la monnaie américaine, soit un taux de change de 1 euro pour 1,1 468 dollars US, la bourse parallèle s’est enflammée dans le Grand-Alger où 1 euro est cédé à 198 DA.

En frôlant la barre des 200 DA au square Port-Saïd, l’euro atteint un fort pic. “Nous n’avons pas de paramètres objectifs. Nous suivons la tendance du marché. D’abord, il y a beaucoup de départ vers la terre Sainte. La demande est trop forte alors que l’offre a sensiblement baissé. Autrefois, on achetait par petites sommes l’euro chez nos immigrés qui arrivaient notamment de France. Ces derniers ne vendent plus comme avant. Cette situation a créé une forte tension sur les devises, notamment sur l’euro et le dollar. Ensuite, il y a les départs pour les grandes vacances à l’étranger. Comme vous le savez, l’allocation touristique est limitée à 115 euros/an seulement. Cette situation pousse les Algériens à s’approvisionner sur le marché informel.

Aussi, à partir du mois de mai dernier, qui a coïncidé avec le mois de Ramadhan, certains cambistes ont préféré stocker l’euro et le dollar pour les vendre plus cher en cette période estivale. Ce qui a influé sur la vente, mais pas sur l’achat”, a expliqué un jeune cambiste, originaire de Sétif. Notre interlocuteur a indiqué que “le change pourrait, dans les jours à venir, atteindre le pic de 1 euro contre 200 DA. Lundi dernier, le change avoisinait 196 à la vente et 193 à l’achat. Le même jour, le dollar a enregistré un pic de 180 à la vente contre 178 à l’achat”. Interrogé sur le profil des clients qui s’y approvisionnent, un autre cambiste a indiqué que “le retour en force des trabendistes a favorisé la flambée de la devise européenne sur le marché noir. Il y a de plus en plus de jeunes qui voyagent en Europe pour s’approvisionner en marchandises interdites d’importation et qui achètent l’euro et le dollar à n’importe quel prix.

Les billets de 200 et de 500 euros valent plus cher et on ne les cède qu’aux connaissances, c’est-à-dire à une clientèle précise. Par exemple, le retour de l’importation dite ‘cabas’ a favorisé la vente des billets de 200 et de 500 euros. C’est une aubaine pour nous, surtout que durant le mois de Ramadhan dernier, notre activité tournait au ralenti”. Aussi, les cambistes restent à l’écoute du taux de change officiel. Selon nos interlocuteurs, quand la banque annonce un taux de change de 1 euro pour 122 ou 122,5 DA, “cela voudrait dire que le dinar a chuté, et nous contraint de revoir le taux de change sur le marché noir. C’est très difficile de suivre la tendance. La semaine dernière, on avait perdu près de 5 DA alors que l’euro devait être cédé à 195 DA. Il aura fallu attendre 6 jours pour nous rendre compte de la baisse de l’offre.

Cela n’a pas influé sur les autres monnaies comme le dollar canadien ou la livre sterling. Mais, l’euro et le dollar américain sont très prisés en cette période.” À la question de savoir si cette tendance persistera dans les jours à venir, ces cambistes ont révélé que “si la tendance actuelle de la demande venait à se maintenir, 1 euro pourrait atteindre, voire dépasser la barre des 200 DA.”