Louisa hanoune dénonce une fraude au profit des partis du pouvoir

Louisa hanoune dénonce une fraude au profit des partis du pouvoir

“Ces élections ont fragilisé le régime. Elles accélèrent sa chute et le compte à rebours a commencé”, estime la secrétaire générale du PT.

“Ils nous ont massacrés !” Affalé dans une chaise, au siège du parti, les traits encore fatigués par une éprouvante campagne et une longue journée passée à “avoir des nouvelles du front”, Djelloul Djoudi, président de campagne du PT, a du mal à croire, ce vendredi, les informations qui leur sont parvenues : 11 sièges seulement obtenus. Un recul comparé à l’élection de 2012 et un déclassement par rapport presque à tous les “ténors”. Même les néophytes, le MPA et TAJ, ont fait mieux.

Au siège du parti, dans la banlieue est d’Alger, entouré de quelques cadres, Djelloul Djoudi est quelque peu stressé, en attendant l’annonce des résultats quelques minutes plus tard par le ministre de l’Intérieur, Noureddine Bedoui. Il s’interroge encore sur “ce qui s’est réellement passé”. “Donne le PV au responsable de la campagne à Alger”, ordonne-t-il à un heureux candidat sur la liste d’Alger qui vient d’arriver au siège. Il raconte que dans plusieurs communes, notamment à Tipasa, des cas de fraude ont été signalés. Mais le résultat, selon lui, ne reflète en rien, ni l’ancrage du parti ni

ses positions, encore moins la qualité de la campagne menée par la secrétaire générale du parti, Louisa Hanoune. Et c’est précisément à la première responsable, retirée dans son bureau depuis jeudi matin, après avoir accompli son devoir électoral, de fournir les raisons de cet “échec”, même si pour elle, il “s’agit d’une victoire” et le “parti continuera sa lutte”. “C’est une sanction en raison de nos positions, de nos luttes et de nos soutiens aux syndicats”, soutient-elle. “Depuis 2015, nous ne sommes pas tus”, rappelle-t-elle, en soulignant que cette “élection oppose une minorité prédatrice à la majorité”. Pour Mme Hanoune, ces résultats sont “une provocation lourde”. “Ces élections ont fragilisé le régime. Elles accélèrent sa chute et le compte à rebours a commencé”, estime-t-elle en rappelant avoir appelé la veille les autorités à ne pas “triturer les résultats et à ne pas violer les consciences”. “Il y a des perturbations en haut lieu. On passe à une nouvelle étape. Cela annonce de nouveaux développements dans la situation (…)”. “En 2010, il y a eu des élections similaires en Égypte et en Tunisie, vous connaissez la suite”, ironise-t-elle. Comme d’autres partis de l’opposition, Mme Hanoune soutient qu’il y a eu bel et bien fraude au profit des partis du pouvoir. “On a commencé par un gonflement du taux de participation, comme à Oran. À Tipasa, un chef de daïra a même demandé de privilégier le FLN, le RND et le MPA (….) dans certaines circonscriptions, les PV n’ont été validés que plusieurs heures après la fermeture des bureaux.” “Le pouvoir dit : ‘Mou-rez !’ On ne vous entend pas”, déplore-t-elle avant de glisser : “On n’a jamais négocié depuis 1997, on sort vainqueurs !”