Pour les responsables de partis de l’opposition interrogés hier par Liberté,
le fait témoigne de la crise patente qui affecte les centres de décision de l’État.
La dernière incongruité commise par le président Bouteflika, ou ses collaborateurs à la présidence de la République, cela reste à vérifier, n’échappe pas aux commentaires de l’opposition.
Cet antécédent, pour le moins inédit, que des membres de la CLTD qualifient de “grave”. Joints par téléphone hier, Mohcine Belabbas, (RCD), Soufiane Djilali (Jil Jadid) et Abderrezak Makri (MSP) partagent la même conviction que les décisions et contre-décisions qui se sont multipliées, ces derniers temps, dénotent la “déliquescence” des institutions de l’État en général.
Le remaniement du dernier gouvernement remanié, quatre jours plus tard, est un fait qui confirme qu’“il n’existe plus de culture d’État dans notre pays”, déplore Mohcine Belabbas. Pour lui, le fait “est d’autant plus grave qu’il concerne un portefeuille ministériel névralgique, en l’occurrence le ministère des Affaires étrangères”. “Commettre une telle maladresse relève de l’irresponsabilité”, dénonce encore le responsable du RCD, rappelant que “le département des Affaires étrangères est censé être la vitrine du pays”.
Abondant dans le même sens, Abderrezak Makri, président du MSP, juge qu’une telle incohérence dans les décisions émanant du sommet de l’État confirme que les décideurs “ont perdu la boussole et qu’ils ne savent plus sur quel pied danser”. “Nous sommes devenus la risée du monde”, regrette le chef du MSP. Pour Makri, “actuellement, les affaires du pays sont gérées par des clientèles occultes qui ne se soucient que de leurs intérêts personnels”.
Pour sa part, Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, estime que tout ce qui se produit aujourd’hui dans notre pays en termes de gouvernance est “le résultat du désordre créé par le 4e mandat de Bouteflika et sa vacance qui ont submergé le pays”. Soufiane Djilali, poursuivant encore son réquisitoire, juge qu’“aujourd’hui, c’est la débandade générale au gouvernement et dans toutes les institutions. Et Bouteflika est la source du danger et le générateur du désordre”.
Le chef de l’État, rappelons-le, avait décidé, samedi dernier, de revoir son propre remaniement, opéré quatre jours auparavant, en rectifiant,
notamment, une inconséquence liée aux prérogatives de Ramtane
Lamamra et d’Abdelkader Messahel.
Ces derniers, qui avaient été désignés dans un premier temps, respectivement ministre des Affaires étrangères et ministre des Affaires africaines, maghrébines et de la Coopération internationale, ont vu leurs missions redéfinies, à savoir Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, et Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de l’Union arabe.
F. A.