L’opération aurait reçu la bénédiction d’Alger: Aqmi bombardé par les Américains en Libye

L’opération aurait reçu la bénédiction d’Alger: Aqmi bombardé par les Américains en Libye

L’Africom est visiblement chargé de maintenir une grande pression sur les groupes terroristes profitant du chaos libyen pour agir sur ce territoire et même au-delà des frontières. Les pays limitrophes, en particulier l’Algérie et la Tunisie, perçoivent vraisemblablement ces frappes comme une aubaine, une aide surtout à la lutte en cours contre les éléments armés qui tentent de s’infiltrer.

Abla Cherif – Alger (Le Soir) – En moins de quatre mois, les forces du Commandement américain pour l’Afrique ont annoncé avoir mené trois opérations aériennes dans des zones réputées être des fiefs des groupes armés. Le raid le plus important a eu lieu à la fin du mois de mars dernier dans la localité de Ouabri, non loin des frontières algériennes.

Une concentration importante d’éléments terroristes avait été décelée dans la région.

Des informations persistantes laissaient entendre que des Algériens se trouvaient parmi ces derniers. L’un d’entre eux figure d’ailleurs parmi les quatre individus éliminés lors du bombardement. Moussa Abou Daoud, un nom bien connu des services de renseignement américains, était l’un des responsables des cellules d’Aqmi. Quelques semaines plus tard, le 6 juin, l’armée américaine menait, cependant, une nouvelle frappe près de Béni Oualid, à l’ouest du territoire libyen. Les terroristes utilisent aussi cette zone comme lieu de passage vers les espaces voisins. L’Algérie ne se situe guère très loin. Jeudi enfin, l’Africom publiait un nouveau communiqué annonçant qu’un nouveau raid aérien avait été mené à Béni Oualid contre Aqmi encore une fois. Un terroriste a été tué sous les bombardements. Les Américains tiennent à préciser que l’opération était destinée à perturber les groupes armés et à les empêcher d’agir.

L’offensive s’est déroulée à la veille du l’Aïd, une période généralement mise à profit par les éléments armés pour mener des actions symboliques. Parfois, ces dernières ont lieu au-delà des frontières notamment vers la Tunisie. Comme Tunis, Alger préfère, cependant, garder le silence sur ce qui se déroule. Des sources algériennes jugent, elles, positives ces opérations. Elles permettent non seulement de maintenir la pression sur les groupes qui s’organisent dangereusement dans la région, mais encadrent surtout ce genre d’actions en lui donnant un cadre légal «évitant ainsi toute aventure solitaire pouvant ajouter à la confusion». D’une certaine manière, l’Africom donne aussi une chance de mener dans le calme le processus politique mis en place par l’ONU. La dernière initiative française visant à organiser des élections présidentielles libyennes avant la fin de l’année a été placée sous l’égide des Nations-Unies.

Dans cette démarche, l’Algérie paraît jouer un rôle primordial. Ses rapports privilégiés avec les responsables libyens et les liens historiques qu’elle entretient avec les notables en ont fait un partenaire incontournable grâce auquel ont pu être conclus tous les accords inter-libyens jusque-là.

Mardi dernier, l’envoyé spécial français pour la Libye, Frédéric Desagneaux, était d’ailleurs de nouveau à Alger dans le cadre de «l’étroite concertation de confiance» entre les deux pays sur le dossier libyen.

«J’ai tenu à venir à Alger aussitôt que possible pour poursuivre l’étroite concertation de confiance que la France et l’Algérie entretiennent sur le dossier de la Libye», a-t-il déclaré. Il a ajouté que les autorités françaises ont «beaucoup apprécié» la participation du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, à cette conférence. Les deux parties ne l’ignorent pas, beaucoup reste à faire.

En Libye, le général Haftar, qui compte peser de tout son poids sur les événements politiques à venir, est engagé dans une grande offensive visant à libérer les zones sur lesquelles règnent des groupes terroristes. Ces derniers ont riposté avec force la semaine écoulée.

A. C.