L’impossible alliance de la mouvance islamique: Le pacte part en fumée

L’impossible alliance de la mouvance islamique: Le pacte part en fumée

L’ imbroglio qui caractérise les partis islamistes, est expliqué comme une attitude connue au sein de cette mouvance à plusieurs tentacules, d’où des courants hétéroclites et composites qui font de cette mouvance une véritable nébuleuse.

La mouvance islamiste peine à trouver une issue salvatrice à sa situation qui ressemble à une véritable spirale. Le Front de la justice et du développement (FJD) présidé par Abdallah Djaballah a appelé ses «alliés» durant les élections législatives du 4 mai de l’année en cours a actionner la démarche consistant à réaliser l’intégration des trois partis islamistes dans un pacte d’alliance tel qu’il a été mentionné dans les accords signés en janvier pour aller de l’avant et construire un grand front islamiste.

Les alliés du parti de Djaballah, Ennahda et El-Binaa ont concocté une liste commune durant les législatives passées. En quelque sorte, c’est une alliance de principe pour essayer d’avoir plus de poids politique et engranger plus de sièges durant les joutes électorales qui se présentent à l’horizon.

Le FJD qui est derrière l’idée de l’alliance veut coûte que coûte que le pacte soit entériné par les autres formations, surtout celle qui est en train de traverser une sérieuse crise au sein de ses rangs, à savoir Ennahda, présidée par son secrétaire général Mohamed Douibi. Ce parti islamiste rejette d’emblée l’idée d’alliance avec le parti de Abdallah Djaballah qui voit en lui l’homme qui veut chambarder Ennahda et accaparer tous les avantages et les moyens dans le cadre de cette alliance.

Or, Mohamed Douibi fait face à une sérieuse contestation au sein d’Ennahda, sa base ne veut pas officialiser et sceller le pacte d’alliance avec le FJD. Par contre, lui, il veut aller vers cette intégration en tournant le dos à cette base qui rejette mordicus le rapprochement avec Abdallah Djaballah.

Cet imbroglio qui caractérise les partis islamistes, est expliqué comme une attitude connue au sein de cette mouvance à plusieurs tentacules, d’où des courants hétéroclites et composites qui font de cette mouvance une véritable nébuleuse.

Les islamistes sont conscients des enjeux à venir, les élections locales de novembre prochain ravivent leurs esprits, ils savent parfaitement que leur prestation politique a eu quasiment piètre figure durant les législatives du 4 mai dernier. Les 15 sièges qu’ils ont récoltés durant la dernière joute électorale a montré l’état piteux, sur le plan politique, dans lequel ils se sont embourbés malgré leurs efforts de rassemblement sous la forme d’une liste commune.

Cette réalité qui taraude les esprits au sein de la mouvance islamiste en proie à une véritable désintégration et dislocation, renseigne sur l’échec qu’elle vient d’essuyer sur le plan politique.

Abdallah Djaballah relance l’idée de l’alliance en exhortant Ennahda et El-Binna de Ahmed Dane, un autre parti créé après le désaccord sur des questions politiques qu’avait connu le MSP, d’asseoir le plus rapidement les jalons de l’alliance et l’intégration dans un seul moule politique. Pour Djaballah, l’intégration des trois partis islamistes dans un seul cadre politique se justifie par le devoir religieux et non pas politique, cette approche qui ne veut pas voir dans sa démarche une espèce de positionnement politique par rapport à une conjoncture éminemment politique, fait de la duplicité et la versatilité du discours islamiste sa quintessence et sa raison d’être par excellence.

Selon toute vraisemblance, l’alliance tant attendue est l’oeuvre de Abdallah Djaballah pour phagocyter le peu de potentiel qui reste au sein d’Ennahda et celui d’El-Binaâ. Cette lecture est appuyée par les reproches faits par les militants d’Ennahda, qui ont disqualifié l’alliance électorale qui a été réalisée avec le FJD de Djaballah laquelle s’est soldée par l’imposition des représentants du parti de Djaballah à la tête des listes les plus importantes durant les élections législatives passées à l’image de la capitale et de la wilaya de Constantine, ainsi que la présidence du groupe parlementaire qui est revenue au représentant de Djaballah.

Cette situation avait poussé les militants d’Ennahda à faire pression sur leur secrétaire général Mohamed Douibi dans la perspective de renoncer à cette intégration prônée par le président du FJD, Abdallah Djaballah.

Le courant ne passe plus entre les trois partis islamistes, le projet d’intégration est hypothéqué, ce qui fait dire que la mouvance islamiste est face à son destin, un destin fait de désintégration, d’amoncellements et d’effritements.

Les islamistes iront aux élections locales prochaines en rangs dispersés, consacrant de la sorte l’idée qu’ils ne s’entendront jamais et leur alliance ne se concrétisera donc pas.