L’humoriste Le Comte de Bouderbala : «Bouteflika renonce… Maintenant il va falloir le lui annoncer»

L’humoriste Le Comte de Bouderbala : «Bouteflika renonce… Maintenant il va falloir le lui annoncer»

Sami Ameziane, alias Le Comte de Bouderbala, 40 ans, humoriste franco-algérien, réagit à l’annonce d’Abdelaziz Bouteflika de ne pas briguer un cinquième mandat présidentiel.

« Qu’Abdelaziz Bouteflika renonce à briguer un nouveau mandat, c’est la moindre des choses, maintenant il va falloir le lui annoncer… », réagit, non sans humour, Sami Ameziane, alias Le Comte de Bouderbala. À 40 ans, l’humoriste franco-algérien et ancien joueur de basket professionnel – il a d’ailleurs évolué en équipe nationale algérienne de 2000 à 2005 – suit de près ce qui se passe de l’autre côté de la Méditerranée.

« Il ne faut pas être naïf, Bouteflika ne gouvernait plus depuis un moment. L’Algérie est un régime militaire, c’est l’armée qui décide et le cercle familial et affairiste de la présidence. On a très rarement vu un régime militaire devenir démocratique du jour au lendemain, relève-t-il. À mon avis, les décideurs gagnent du temps pour trouver un candidat crédible, ça va être le casting d’Incroyable Talent, mais à l’envers… »

« Face à la gronde algérienne, Trump s’est exprimé en soulignant que la rue donnait son avis et qu’il fallait l’entendre, rappelle l’humoriste. La France, via Jean-Yves Le Drian, a préféré respecter la fin du processus électoral… Je n’ai pas pu ne pas penser à Michèle Alliot-Marie qui proposait le savoir-faire français en termes de maintien de l’ordre lors du soulèvement de la Tunisie. »

« Seulement, en tant qu’ancien colonisateur, donner un blanc-seing au peuple algérien aurait conforté dans les cercles du pouvoir l’idée d’un complot venant de l’étranger, reconnait-il. Quoi qu’il en soit, voir les rues bondées avec des millions d’Algériens battant le pavé, donne des frissons et envie de croire à des lendemains meilleurs… Il faut espérer que l’armée revienne à sa mission première, protéger le peuple, et acceptera de mener un processus démocratique à son terme… »

« Ce qui fait mal à l’Algérie a fait, fait et fera mal à la France et inversement, car les destins de nos deux pays sont éternellement liés, souligne-t-il encore. Attendons de voir comment se gérera la vacance du pouvoir et comment s’annonce le prochain scrutin en espérant ne pas revoir des parodies d’élections avec des scores à la nord-coréenne… »

Sylvain Merle