Leur production de pétrole en continuelle augmentation : Les ambitions exportatrices des USA se renforcent

Leur production de pétrole en continuelle augmentation : Les ambitions exportatrices des USA se renforcent

Par Ali Titouche

Pendant que la production américaine de pétrole continue de battre tous les records, caracolant désormais à plus de 12 millions de barils par jour, les ports spécialisés dans le commerce du brut se préparent à accompagner les ambitions exportatrices d’or noir des États-Unis.

Nouveaux oléoducs, allongement des terminaux, creusement sous la mer, risqué pour l’environnement : c’est ainsi que se préparent les ports américains pour faire des États-Unis un exportateur net de pétrole. Corpus Christi en est un exemple. Sean Strawbridge, P-DG du port depuis 2015, estime que “les volumes de pétrole produits doivent trouver un débouché. Si on ne s’en charge pas, quelqu’un d’autre le fera”.

Les exportations du port pourraient passer à 2,7 millions de barils par jour une fois les travaux achevés, contre 700 000 aujourd’hui, d’après lui. La semaine dernière, la production américaine de pétrole a retrouvé des sommets, les États-Unis extrayant en moyenne 12,1 millions de barils par jour (mbj), contre 12 mbj une semaine auparavant. Les exportations du pays, qui avaient atteint courant février un niveau record depuis que ces statistiques sont compilées (1991) avec, au compteur, 3,60 millions de barils par jour, ont rebondi à 3,39 millions de barils par jour, contre 2,54 mbj une semaine auparavant. C’est dans l’objectif de soutenir cette dynamique d’exportation que les ports américains font peau neuve. Le port de Corpus Christi, réputé pour être le robinet du pétrole américain, va se doter de trois nouveaux oléoducs.

Epic, Cactus et Grey Oak seront opérationnels fin 2019, pour une capacité de transport de deux millions de barils supplémentaires par jour. Ces trois conduits géants relieront le port aux deux principaux réservoirs de pétrole de schiste du pays : Eagle Ford, mais surtout le bassin permien, à cheval entre l’ouest du Texas et le Nouveau-Mexique. L’industrie du pétrole, et plus particulièrement du schiste, connaît un essor fulgurant aux États-Unis et compromet les efforts de l’Opep et de ses alliés qui se sont investis depuis fin 2016 dans une tentative de rééquilibrage du marché pétrolier au moyen d’une baisse de leur offre. Signe de cette révolution qui ne connaît désormais aucun répit, le bassin du permien libère chaque jour 4,1 millions de barils. Il pourrait monter à 4,5 millions d’ici à cinq ans, selon les autorités américaines, de quoi rivaliser avec les champs les plus productifs au monde.

Les États-Unis deviendront exportateurs nets de pétrole dans quelques années seulement, une perspective qui met à rude épreuve une Opep soucieuse à la fois de soutenir les cours et de préserver ses parts de marché et son influence sur l’échiquier pétrolier mondial. Avec une production journalière de 12 millions de barils et une consommation stagnante, l’Amérique dépasse régulièrement les trois millions de barils exportés chaque jour, du jamais vu.

Une sérieuse mise en garde à l’adresse des membres de l’Opep et de leurs alliés non-Opep qui luttent depuis plus de deux années déjà contre les excédents de l’offre qui minent le marché.

Ali T.