L’Espagne aura son mot à dire sur Gibraltar après le Brexit

L’Espagne aura son mot à dire sur Gibraltar après le Brexit

L’Espagne devra donner son feu vert pour que tout accord intervenant entre l’UE et le Royaume-Uni après le Brexit puisse s’appliquer au territoire de Gibraltar, selon un projet d' »orientations de négociation » des 27 publié vendredi.

Après le Brexit, « aucun accord entre l’UE et le Royaume-Uni ne pourra s’appliquer au territoire de Gibraltar sans un accord entre le Royaume d’Espagne et le Royaume-Uni », est-il écrit dans ce texte présenté vendredi à La Valette par le président du Conseil européen Donald Tusk.

Les dirigeants des 27 pays restant dans l’UE devront adopter ces « orientations », éventuellement amendées, lors d’un sommet européen le 29 avril à Bruxelles.

« C’est une décision qui nous satisfait », a réagi le porte-parole du gouvernement espagnol, Iñigo Méndez de Vigo, à l’issue du conseil des ministres hebdomadaire. Pour lui, l’Union a reconnu « la situation juridique et politique qu’a défendue l’Espagne », sans donner davantage de détails.

Un haut responsable européen a pour sa part déclaré à l’AFP que Gibraltar n’était pas le seul dossier lié à des conflits de juridiction ou impliquant une souveraineté partagée, évoquant par exemple la frontière nord-irlandaise ou encore des bases à Chypre. Il a ajouté que l’Union européenne cherche naturellement à défendre les droits des 27 membres restant, dans l’Union.

Gibraltar a été cédée par l’Espagne à la Grande-Bretagne en 1713 et l’enclave britannique, qui compte 32.000 habitants sur 7 km2, se retrouvera exclue de l’Union quand le départ du Royaume-Uni sera effectif.

52% des Britanniques s’étaient prononcés en faveur d’une sortie de l’UE après le référendum de juin 2016, mais 96% des électeurs de Gibraltar avaient voté pour rester dans le giron européen.

Madrid a formellement proposé en octobre au Royaume-Uni une souveraineté partagée qui « permettrait à Gibraltar de rester dans l’Union européenne » après la sortie des Britanniques. Cette offre avait déjà été soumise à référendum en 2002 et rejetée.

Gibraltar dépend de l’Espagne pour son approvisionnement. Sa florissante économie spécialisée dans les services financiers et les jeux en ligne profite aussi à l’Espagne, en employant quelque 10.000 travailleurs frontaliers.