Les syndicats autonomes répliquent aux déclarations de Mourad Zemali sur le code du travail : «Hors de question que le projet soit adopté sans l’aval des travailleurs»

Les syndicats autonomes répliquent aux déclarations de Mourad Zemali sur le code du travail : «Hors de question que le projet soit adopté sans l’aval des travailleurs»

Si le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale attend que les syndicats lui remettent leur copie concernant leurs propositions pour l’avant-projet du code du travail, les concernés, eux, estiment qu’il faut d’abord commencer par instaurer la culture du dialogue, comme il l’avait promis lors de son installation.

Face à la pression de Mourad Zemali, qui veut fixer un délai, les partenaires sociaux, notamment ceux de l’Intersyndicale autonome de la Fonction publique, ne semblent pas paniquer. Bien au contraire, ils se défendent et appellent le ministre à concrétiser la première de ses promesses. « Nous n’avons pas été invités à un dialogue comme l’a promis le ministre du Travail lors de la cérémonie de passation de pouvoirs avec son prédécesseur. Je me demande comment peut-on passer directement aux menaces avant d’avoir concrétisé son propre engagement », a réagi, hier, Boualem Amoura. Contacté, le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef) a dénoncé les propos de Zemali, l’appelant carrément à se réviser. « Le nouveau ministre doit revoir sa copie avant de faire porter le chapeau et la responsabilité sur les syndicats », estime Amoura, ajoutant que «les menaces sont inacceptables ».

Notre interlocuteur rappelle, en outre, que les ponts du dialogue sont coupés, car « depuis la réunion du 16 janvier avec l’ancien ministre Mohamed El Ghazi, aucun contact ni réunion avec les partenaires sociaux ne sont à signaler». Plus que ça, lorsque les syndicats ont reçu officiellement la copie de l’avant-projet du code de travail, « c’était pour information », dit-il. Précisant qu’« il n’a jamais été question d’une date buttoir pour remettre des propositions ». Le secrétaire général du Satef, ne mâchant pas ses mots, ajoutera ironiquement : «On veut nous presser, car en France, un projet similaire devra être adopté en juillet prochain. Mais nous, ce n’est pas la France. » De son côté, Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste), tout en affichant une disponibilité à coopérer, dit ignorer complètement que les syndicats devaient remettre des propositions.

«C’est la première fois que j’apprends qu’il nous a été demandé de formuler des propositions sur la mouture du projet du code du travail », nous a-t-il déclaré au téléphone. Le syndicaliste pense que le ministre de tutelle se trompe. Aux yeux de notre interlocuteur, qui rappelle les engagements de Zemali le premier jour de son installation, « il faut d’abord rouvrir le dialogue et tenir des réunions pour pouvoir dégager un cadre de travail ». Cela dit, les syndicats, dans un cadre collectif de concertation au sein de l’Intersyndicale, ne sont pas contre l’idée de formuler prochainement leurs propositions.

« On est en train de préparer un document concernant ce projet. Une fois finalisé, nous le remettrons quand il nous le sera demandé officiellement », précise Messaoud Boudiba, expliquant que l’ensemble des membres de l’Intersyndicale ont « une vision globale du texte ». Cependant, il n’hésitera pas à prévenir qu’« il est hors de question que le projet soit adopté sans l’aval des travailleurs et de leurs représentants légitimes ». Dans cette mise en garde, le syndicaliste se rappelle du bras de fer né de l’adoption de la loi portant réforme de la retraite « que nous continuons de rejeter». « Un scénario, dit-il encore, qu’on ne veut sûrement pas rééditer ». Pourtant lors de la remise de la mouture du projet du Code du travail, le ministère avait indiqué que la remise de la copie permettra aux syndicats de s’enquérir de son contenu et de présenter par la suite leurs observations et leurs propositions. <