Les outils traditionnels de la presse affaiblis par les technologies numériques Comment tenir tête aux réseaux sociaux ?

Les outils traditionnels de la presse affaiblis par les technologies numériques Comment tenir tête aux réseaux sociaux ?

Le consultant international en journalisme et communication français, Guy Berniere, est revenu hier, lors d’une session de formation au profit des journalistes, sur l’impact de la technologie numérique sur la presse et le métier de journaliste

. « La presse algérienne est confrontée aux mêmes problématiques que les autres presses dans le monde. Des problématiques techniques depuis l’envahissement du numérique », signale Berniere, qui est aussi rédacteur en chef honoraire à l’AFP.

Il indique, à ce propos, que les réseaux sociaux sont devenus le premier rival de la presse et se livrent à une concurrence déloyale. Les réseaux sociaux emploient, selon lui, une main-d’œuvre bon marché, peu qualifiée mais qui fait de l’ombre aux journalistes professionnels. « Les éditeurs ne sont plus les maîtres de la diffusion de l’information.

Nous assistons à un affaiblissement continu et dramatique des outils traditionnels de la fonction journalistique. Dramatique pour ceux qui n’arrivent pas à se convertir aux méthodes numériques », note-t-il. Il signalera, par ailleurs, que 90% de la publicité aujourd’hui va droit aux réseaux sociaux.

« La presse est confrontée également à un problème juridique et fiscale des réseaux sociaux. Les indicateurs des contenus sont au-dessus de la loi. Il n’existe pas de conventions internationales pour protéger ces contenus ou bien faire des recours », fait-il savoir. Il indiquera, en outre, que ces contenus sont l’œuvre de personnes qui se cachent derrière l’anonymat. « L’anonymat est une problématique qui soumet l’expression de la liberté à une rude épreuve et pourtant, on n’en parle pas.

Protégés par l’anonymat, des émetteurs peuvent interférer dans des affaires internes des Etats, telles les élections, et causer beaucoup de dégâts », prévient-il. Il y a comme une « pollution » générale sur les réseaux sociaux et le journaliste doit relever le défi de la qualité et du zéro défaut. A ce propos, le ministre de la Communication, Hamid Grine, qui a assisté à la conférence, a estimé que le « zéro défaut » n’existe pas dans le métier journalistique. « La perfection n’existe pas de même que le zéro défaut. Impossible de ne pas commettre des fautes.

L’objectivité, non plus, n’existe pas. Mais nous pouvons allez vers l’exactitude. La presse qui survit est celle qui donne des informations exactes et se démarque par cette exactitude des réseaux sociaux », dit-il. Le conférencier explique, dans ce contexte, que nous ne sommes pas dans le zéro défaut, mais dans la recherche et la quête du défaut zéro. « La recherche de la qualité, c’est ce qui différencie le contenu journalistique de celui des réseaux sociaux.

Etre fiable et exact, c’est la valeur ajoutée du journaliste. Il vaut toujours mieux prendre le temps de vérifier la fiabilité de l’information que d’agir rapidement et publier de fausses informations », estime-t-il. Pour lui, cette quête de la qualité et du zéro défaut est possible si le travail journalistique se fait en groupe, d’une façon collective.

Ou ce qu’il appelle le « travail de poule ». Cette méthode, selon lui, impose des relectures des faits, enrichit les contenus, instaure un autocontrôle collectif, incite à la polyvalence et facilite l’intégration des stagiaires.