Les médias arabes font face à une “crise de professionnalisme” depuis 2011

Les médias arabes font face à une “crise de professionnalisme” depuis 2011

0af3afd4cab05f63b5ced1419e036746_M (1).jpgALGER- Le chercheur jordanien, Bassim Tweissi, a relevé mardi à Alger « une crise de professionnalisme » chez les médias satellitaires dans le Monde arabe depuis les perturbations de 2011, soulignant l’explosion quantitative du contenu médiatique au détriment de l’apport qualité et la pullulation des chaînes spécialisées dans « le journalisme religieux ».

« Le volume quantitatif des médias arabes a multiplié de trois à quatre fois depuis 2011, passant de 400 à 1400 chaînes satellitaires en quatre ans », a affirmé M. Tweissi, doyen de l’Institut de l’information du Royaume de Jordanie lors d’une conférence sur « le professionnalisme et la crédibilité dans les médias arabes? », en présence du ministre de la Communication, Hamid Grine.

« Une explosion médiatique qui ne rime pas toujours avec la qualité », a-t-il poursuivi.

S’appuyant sur des données de l’Union des radios arabes, M. Tweissi, qui est également fondateur de la radio Sawt El Arab, a indiqué qu’environ une centaine de chaînes de radios agrées dans les pays arabes sont spécialisées dans le « journalisme religieux ».

« Au moins 16 % de ces stations diffusées par satellite alimentent le sectarisme et le charlatanisme religieux et dirigent de façon directe ou indirecte les conflits religieux. Elles sont là pour véhiculer des messages des extrémistes et terroristes », a-t-il ajouté.

Pour étayer ses propos, il a cité comme exemple, la transmission de l’exécution du pilote jordanien enlevé il y a quelques mois par le groupe autoproclamé « Etat islamique », (EI/Daech). « En procédant à l’émission de telles atrocités les médias ont rendu service à ce groupe terroriste », a-t-il estimé.

Il en outre noté que « les investissements en matière de journalisme religieux s’élèvent à 20 milliards de dollars » tandis que « la recette publicitaire ne dépasse pas les 2 milliards de dollars », ajoutant que l' »investissement politique dans le journalisme religieux est une réalité que nul ne peut nier ».

Le conférencier n’a pas manqué également d’expliquer « comment les pays n’ayant pas connu de perturbations au passage du Printemps arabe, à l’instar de l’Algérie et de la Jordanie ont pu redorer l’image de leurs médias nationaux et gagner à nouveau le capital confiance de leurs publics respectifs ».

Selon le conférencier, « après 2011, les médias nationaux ont pris le dessus sur ceux appartenant au paysage médiatique régional ».

Durant cette même période, certaines chaînes de télévisions satellitaires

se sont transformées en des « outils de conflit », a-t-il mentionné. « Au lieu donc de jouer leur rôle d’observateurs, d’aucuns (certains organes régionaux) étaient parties prenantes du Printemps arabe, ce qui a donné lieu, dit-il, à une « dégringolade » du professionnalise et de la crédibilité des médias arabes.

« Le professionnalise est un enjeu à cultiver dans la durée, mettre l’intérêt général au dessus de toutes autres considérations, former davantage les journalistes, leur inculquer les principes du métier à savoir, l’exactitude et la vérification », a-t-il conclu.

La conférence sur « le professionnalisme et la crédibilté dans les médias arabes? » a été organisée par le ministère de la Communication dans le cycle de conférence-formation que le ministère organise à l’intention des professionnels de la presse.

M. Grine a souligné, à l’occasion, l’importance de la formation continue pour les journalistes désireux d’atteindre le professionnalisme.

« Les journalistes algériens sont appelés à se former en continu pour que nous puissions disposer d’une presse professionnelle et crédible », a-t-il précisé à l’ouverture de la conférence.