Les algériens redoutent le scénario de la viande putréfiée de l’année dernière: Le spectre du mouton bleu

Les algériens redoutent le scénario de la viande putréfiée de l’année dernière: Le spectre du mouton bleu

Le mystère de la viande bleuâtre reste entier et le risque d’un autre scandale, celui de la viande verte ou jaune, est tout à fait de mise.

Le ministère de l’Agriculture a donné le top départ de la campagne de vente du mouton de l’Aïd El Adha. Il n’en fallait pas plus aux «caravanes» de béliers pour débarquer dans toutes les villes du pays. Petit à petit, les maquignons installent leur décor dans certains «coins stratégiques».

Les premiers clients font leur apparition et les marchés improvisés s’animent de jour en jour un peu plus.

Les Algériens, qui soit dit en passant, adorent l’ambiance des marchés à bestiaux, en sont aux premières approches. Aucun mouton, ou très peu, a changé de main.

Les acheteurs en sont encore à la phase «inspection».

Les passionnés se font un point d’honneur à faire un maximum de marchés de leur localité et certains vont jusqu’à voyager dans les wilayas limitrophes.

L’objet de ces missions: situer le poids exact du marché. Les prix et leurs variations d’une région à une autre, la qualité des bêtes, la pureté des races. Bref, nos passionnés veulent sentir le marché de cette année pour prodiguer leurs conseils avisés à leurs voisins.

Les autres, la grande majorité des Algériens, pour qui, le sacrifice du mouton est un devoir religieux incontournable, c’est la sempiternelle question des prix qui les taraude. Mais cette année, il n’y a pas que le coût qui inquiète. Tout le monde a encore en tête le scandale de la viande putréfiée. Des milliers de citoyens ont dû jeter leurs moutons en raison de la coloration bleuâtre qui a gâché l’Aïd de bien des familles.

La supercherie de la viande bleue a été découverte après l’Aïd. C’est comme qui dirait que le crime était parfait. Les victimes qui avaient laissé dans l’affaire entre 40.000 et 80.000 Da chacune, n’avaient que leurs yeux pour pleurer. Il faut rappeler que ce sont les béliers les plus gras, en apparence, qui ont été touchés par l’étrange maladie.

A l’époque, les supputations allaient bon train. Hormones de croissance, additifs alimentaires, mixture inconnue… les Algériens et leur presse avaient puisé tous les scénarii pour expliquer le phénomène inédit dans les annales de l’Aïd El Adha dans le pays.

Les services de sécurité se sont saisis de l’affaire et c’était le tour d’une autre série de rumeurs.

Les médias, sociaux en tête, annonçaient qui, des arrestations qui, des condamnations. Mais au final, rien de tout cela n’a eu lieu.

L’Affaire de la viande putréfiée s’est terminée en queue de poisson.

La vérité est qu’à ce jour, personne ne peut dire ce qui s’est réellement passé et comment des moutons malades ont été transportés vers des marchés et vendus à des citoyens crédules, dans une sorte d’impunité désolante. Des milliards de centimes ont été mal acquis, sans que l’on sache qui les a amassés. La même somme a été perdue par des milliers de consommateurs qui n’ont été, ni indemnisés et encore moins entendus dans le cadre d’une enquête sérieuse. Comment celle-ci aurait-elle pu voir le jour, dans un contexte d’anarchie indescriptible dans laquelle baigne la filière ovine nationale.

En fait, le mystère de la viande bleue reste entier et le risque d’un autre scandale, celui de la viande verte ou jaune, est tout à fait de mise.

Les vétérinaires (lire entretien ci-dessous) du secteur public affichent leur impuissance à toute anticipation, en l’absence de toute traçabilité au sein de la filière.

Hormis la vaccination, le secteur semble échapper au contrôle des pouvoirs publics pour de compréhensibles questions fiscales. On en veut pour preuve le superbe complexe d’abattage de Aïn Ouessara qui demeure dramatiquement vide, alors qu’il a été implanté dans l’un des bassins les plus prometteurs en matière d’élevage ovin.

C’est dire qu’entre l’Aïd de l’année dernière et le prochain, rien n’a changé dans le paysage de l’élevage national. On peut attester que le cheptel est sain, après la fin de l’épidémie de fièvre aphteuse, mais on ne peut pas en dire plus. Aucun professionnel, association nationale des éleveurs en tête, n’est en mesure de donner une photographie exacte de la filière. Des troupeaux qui viennent d’on ne sait où pour être vendus dans la clandestinité la plus totale relèvent encore du possible en Algérie.

La seule parade à cet underground de la filière ovine tient dans le conseil de nos vétérinaires qui invitent les Algériens à acheter leurs moutons dans des points de vente officiels, donc contrôlés.

Les fraudeurs ne s’approchent jamais de ces lieux. En cas de soucis. Il est possible de remonter la piste. Mais rien n’est vraiment sûr…