Législatives:«Waâdas», méchouis, cadeaux, petites enveloppés…: L’autre “moyen” d’attirer les électeurs

Législatives:«Waâdas», méchouis, cadeaux, petites enveloppés…: L’autre “moyen” d’attirer les électeurs

Devant tant de «générosité» de la part des candidats à la députation, des jeunes ont décidé d’en faire un «hobby» ou plutôt un commerce…

Vendredi 14 avril, c’est jour de rassemblement pour l’adoration et la prière. On est dans une mosquée de la banlieue d’Alger. A la fin de la prière du vendredi, on est interpellé par un petit groupe d’hommes, qui nous invite à déjeuner, c’est une «waâda», insistent-ils! Jusque-là rien d’anormal puisque c’est de tradition que des personnes ramènent avec eux du couscous ou autres plats qu’ils offrent aux «fidèles» à la sortie de la mosquée pour faire une offrande religieuse «sadaqa» ou bénir un événement important de leur vie. Mais quelle fut notre surprise en découvrant que les plats de couscous «offerts» sont couverts par des affiches électorales.

Mieux encore, sous les couverts soigneusement préparés pour la circonstance, on trouve un calendrier des horaires de l’«imsek» et de l’«iftar» durant le mois de Ramadhan, qui a au verso la photo d’un candidat de la capitale pour les prochaines législatives, avec le numéro de sa liste! Une idée des plus ingénieuses donc pour donner de la «baraka» à cette candidature, mais qui flirte dangereusement avec la… corruption.

En fait, ce parti politique n’est pas un cas isolé. Ce genre de pratiques fait même désormais parti intégrante des «moeurs» politiques. Cela ne choque plus personne. Pour eux, c’est un moyen comme un autre de faire campagne et attirer les électeurs.

«Certains députés du Parlement sortant ont réussi à se faire élire à l’APN grâce à ce genre de «générosité» Ils distribuaient de l’argent à tout-va, organisaient des festins accompagnés de cadeaux…», assure un candidat qui ne cache pas que le plus gros budget de sa campagne est destiné à ce genre de «waâda». D’ailleurs, le lendemain de notre rencontre, ce candidat nous envoie un membre de son staff de campagne pour nous inviter, comme pour une fête de mariage, à un festin qu’il a organisé au niveau de sa grande maison qui lui sert aussi de QG de campagne. «Toute la ville est invitée», soutient avec fierté cet émissaire. Ayant entendu parler de l’évènement, un candidat concurrent décide de répliquer en organisant lui aussi sa «garden party» qui, précise-t-il se fera avec «un menu riche et varié comprenant entre autres de bons méchouis», tout en soulignant que ce dîner sera suivi d’une soirée de musique «chaâbie» où des cadeaux seront offerts à la fin. Tout comme le menu, les cadeaux offerts sont aussi «variés».

Il y va des coffrets de parfums, de ballons de football, des tickets d’entrée au stade, d’opéra ou même de cirque. Dans d’autres wilayas du pays, des candidats font carrément dans la distribution de couffins alimentaires. Des fraises et des bananes sont par exemple «gracieusement» distribuées aux citoyens au niveau des bureaux de campagne.

A Djelfa par exemple, des caisses de pommes de terre ont été mises à la disposition des habitants de la région par l’un des candidats à la députation. Les petites enveloppes pleines de gros billets sont également légion. Elles sont distribuées dans les rues par les candidats aux jeunes désoeuvrés qui scandent le noms des candidats, comme le font les «mafiosi» dans les films hollywoodiens. Devant tant de «générosité» de la part des candidats à la députation, des jeunes ont décidé d’en faire un «hobby» ou plutôt un commerce.

Non seulement ils sont tous favorables à ce genre d’événement, mais ils ont en fait un véritable commerce. Si on veut obtenir rapidement des électeurs pour pouvoir rejoindre le boulevard Zighout-Youcef, on vous oriente directement chez ces nouveaux rois du «marketing». En quelques jours, ils peuvent vous obtenir le nombre que vous désirez. Il suffit juste de tirer le carnet de chèques. Plus de zéros il y a, plus de voix il y aura.

C’est quoi quelques milliards de centimes pour ceux qu’on appelle les «gens de la «chkara»? deux, trois jours, voire au maximum un mois de travail. «Quand on a tout l’argent que l’on veut, il ne nous reste que la gloire et le pouvoir que l’on peut obtenir grâce à la politique. Ils sont donc prêts à payer n’importe quelle somme pour pouvoir accéder à ce rêve…», souligne Sabri, un de ces «businessmen» de l’urne.

«En plus, ils voient cela comme un investissement à long terme. S’ils arrivent au pouvoir, avec l’argent qu’ils feront ils récupéreront leur investissement très rapidement…», ajoute cet homme qui «active» au niveau de l’ouest du pays. «On ne se fait donc pas prier pour en profiter. Eux se sont fait élire et nous on ramasse un peu d’argent. A la fin, tout le monde est heureux…», conclut Sabri qui semble des plus ravis. Partout dans le monde des fortunes sont dépensées en communications et meetings pour que les candidats puissent «espérer» atteindre le sommet. Chez nous, il suffit de «payer» les Sabri and co…