Législatives: Une journée avec la tête de liste RND à Alger: Un marathon à Bouzaréah

Législatives: Une journée avec la tête de liste RND à Alger: Un marathon à Bouzaréah

Jusqu’à 13 h 30, le candidat tête de liste RND aux prochaines législatives a serré des mains, répondu à des questions, tenté de sensibiliser…

Il est 9 heures du matin. Le centre-ville d’Alger est déjà animé par la circulation automobile. Le vrombissement des moteurs, les klaxons donnent le ton à une journée «ouvrable», en tous points, pareille à toutes les autres. Les piétons qui sortent par fournée de la bouche du métro y ajoutent leur part d’animation qui donne au principal quartier de la capitale, une spécificité de «méga-carrefour».

Mais il n’y a pas que cela, dans le centre-ville d’Alger. Il y a dans ce bout «une attraction» très algéroise: la Grande-Poste. Un monument qui capte le regard et emplit le paysage de tout observateur qui se met au balcon du siège du quotidien Alger Républicain. Lequel avait été celui de la Dépêche d’Algérie, un journal colonial fondé au XIXe siècle et qui a hérité de la batisse construite d’ailleurs dans la foulée de la Grande Poste.

Un vrai voyage dans le temps

Cette bâtisse qui a changé plusieurs fois de main abrite la direction de la wilaya d’Alger du RND. Si les Algérois ne connaissent pas son historique, personne n’a manqué de voir les portraits du président de la République et de Ahmed Ouyahia, secrétaire général du parti, déployés sur toute la hauteur de la devanture.

Dans le hall d’entrée du siège algérois du RND, trois journalistes, un Algérien et deux représentants d’agences de presse britannique et espagnole, dont la très réputée Reuters. Ce petit monde attend l’arrivée de Seddik Chihab, tête de liste RND aux prochaines élections législatives. L’homme est en forme, au 10e jour d’un marathon électoral qui lui a déjà fait faire des tournées bi-quotidiennes dans plus d’une vingtaine de communes de la capitale. Son objectif est de faire les 53 communes. Aller au contact des Algérois, «sans faire de promesse», insiste-t-il.

En politique, rompu aux campagnes électorales, Seddik Chihab a bien vu évoluer l’opinion. Il sait que les promesses n’accrochent plus. Il ne sert à rien d’en faire. Il n’en fait pas, mais à la place, il ouvre le débat et tente de gagner la confiance, non pas pour réaliser des miracles chimériques, mais pour construire quelque chose avec les voix des électeurs. L’exercice est complexe, mais nécessaire, dit-il en subtance, à qui veut l’entendre parmi les journalistes.

Il est 9 heures et des poussières de minutes, Chihab communique avec le chargé de presse du RND local. L’échange est très bref, histoire de confirmer un programme, déjà tracé la veille.

Les trois journalistes présents dans les locaux affichent le leur. Le premier, l’Algérien, «réclame» un entretien express. Le Britannique et l’Espagnol optent pour suivre le candidat dans sa tournée du jour. Mais avant ce premier «acte de campagne», Chihab ne cache pas son émerveillement, apparemment quotidien, à chaque fois qu’il foule l’entrée du siège local de son parti. «Ces locaux ont une histoire à raconter», dit-il. Il s’attarde sur l’architecture intérieure et les décorations qui donnent de l’ensemble une impression de musée.

Bouzaréah n’a jamais souri au RND

Un vrai voyage dans le temps. Mais Chihab retient surtout que le bureau où il reçoit les journalistes était celui du directeur d’Alger Républicain. Henri Alleg est passé par là. Et cela suffit à Chihab pour maintenir un contact permanent avec l’idéal novembriste et républicain qui fondent la philosophie du RND. L’entretien de presse n’est pas ce qu’on pourrait qualifier de corvée en période de campagne, mais Seddik Chihab semble pressé d’en finir pour passer à l’autre phase de la journée, celle qu’il affectionne particulièrement: «Parler aux Algérois et tenter de les convaincre», dit-il.

Mais le passage obligé de la presse n’est pas fini. Invité à une émission de la Web TV du site Internet d’information Sabqpresse, Chihab se livre, encore au jeu des questions-réponses, mais cette fois, le candidat prend le risque de répondre en direct à des questions de journalistes, sans aucune préparation au préalable. L’entretien dure une vingtaine de minutes. Chihab s’en sort bien et a réussi à retourner la situation à son avantage sur la traditionnelle question des origines «suspectes» du RND.

Mais le candidat ne donne pas l’impression d’avoir gagné un bras de fer avec un journaliste. Après l’entretien, «en off», il ne «savoure pas» sa victoire, mais va sur une franche discussion avec les journalistes du site d’information. Et l’échange est des plus intéressants. On y apprend des choses sur certaines figures de la scène nationale. L’intermède matinal avec ses amis de la presse aurait pu durer des heures.

Les confrères n’en demandaient pas plus. Mais l’esprit de Chihab était manifestement ailleurs. Pour lui, à dix heures, sa journée électorale n’a pas encore débuté. «L’équipe de campagne nous attend depuis plus d’une heure», note-t-il, comme pour annoncer le début effectif de sa journée d’activité.

Direction le quartier de Bouzaréah, sur les hauteurs d’Alger. Arrivé à la permanence du parti à moins d’un kilomètre du centre de la commune, Seddik Chihab est accueilli par une trentaine de sympathisants et de militants du RND, ainsi que de quelques candidats de la liste RND. Enthousiaste, l’assemblée s’est voulue festive et des youyous fusent pour marquer «l’évènement».

Sur place, Chihab entame un discours, histoire de prêcher des convaincus, mais n’omet pas d’interpeller les militants pour reproduire ses propos au sein de la population. Arborant des sourires respectueux, mais timides, l’assistance acquiesce. Il faut dire que dans la commune de Bouzaréah, le RND n’est pas dans son fief, loin de là. «C’est l’une des rares communes de la capitale où nous ne comptons aucun élu», reconnaît le tête de liste.

Des personnages de romans

N’étant pas en terrain conquis, Chihab n’appréhende pas pour autant la réaction de la rue. «Je ne crains rien du tout. Depuis le début de la campagne, j’ai sillonné la moitié de la capitale en tant que tête de liste du RND. Je discute avec tout le monde et à aucun moment, je n’ai été agressé ou insulté. Les Algérois nous écoutent, nous contredisent, nous disent qu’ils sont avec nous ou contre nous, mais ils le font dans les limites de la bienséance», affirme-t-il, à quelques mètres du fameux café de Bouzaréah. Cercle de l’Union sportive de Bouzaréah, l’établissement «racé» des Ouled El Houma est une étape incontournable pour toutes les listes.

Celle du RND ne fait pas exception. Reçus par le propriétaire du café, Seddik Chihab et ses accompagnateurs «électrifient» les lieux qui se transforment instantanément en lieu de débat passionné. Les candidats RND, dont une femme, engagent une discussion animée avec les clients. Des groupuscules se forment, et de temps à autre, fuse un éclat de rire, apportant une «tranche» de gaieté, dans un établissement habituellement tranquille. Les habitants de Bouzaréah posent l’éternel problème du logement, mais pas que.

Ils parlent de leur quartier avec une certaine nostalgie, évoquent les terrains de jeux lorsqu’ils étaient gosses, aujourd’hui happé par les promotions immobilières. Ils ne disent pas s’ils vont voter pour le RND ou ne pas voter du tout, mais écoutent le discours de Chihab qui se refuse à faire la moindre promesse et place le débat sur un plan plus général, déployant tout son savoir-faire pour convaincre ses auditeurs.

A-t-il fait mouche? Interrogés, ses interlocuteurs refusent de se prononcer, mais notent tout de même, avoir été agréablement surpris par l’homme. «Il faut que les politiques soient comme ça, simples et clairs avec les citoyens. Je n’aime pas qu’on nous prenne pour des demeurés», indique un homme, la cinquantaine, qui a débattu avec le candidat RND.

La visite électorale de Bouzaréah a duré plus d’une heure de temps où l’on a vu de vrais personnages de romans, comme le fleuriste du centre-ville, la voix grave et le propos franc et tranchant, mais avec tout de même une pointe de malice, propre à ceux qui en ont vu d’autres.

Jusqu’à 13h30, le candidat tête de liste RND aux prochaines législatives a serré des mains, répondu à des questions, tenté de sensibiliser un maximum d’hommes et quasiment pas de femmes. Mais là c’est une autre histoire.