Avec la prolifération des supports de communication, l’enjeu est de transmettre instantanément son message et de ne pas le noyer dans le flux incessant d’informations.
Mauvaise ou bonne herbe, les islamistes savent croître et il ne le démontrent que très bien, notamment en matière de communication où, jour après jour, ils étalent leurs talents de communicants et montrent leurs capacités d’adaptation aux mutations générées par la révolution numérique. En effet, l’enjeu est de transmettre instantanément son message et de ne pas le noyer dans le flux incessant d’informations. Le Mouvement de la Société pour la paix semble bien réussir l’équation. Du moins en apparence.En effet, ce parti tâche sans répit de tourner toutes les situations en sa faveur et de s’adapter à toutes les exigences et profiter de toutes les fenêtres qui s’ouvrent pour lui afin de vendre sa vision. Bien qu’il se revendique de l’opposition, le MSP n’hésite pas à mettre à profit ses différentes participations au gouvernement pour faire valoir «sa connaissance des rouages du système et son expérience dans la gestion des affaires de l’Etat», ce qui en fait, selon son président, «le parti de l’opposition le plus à même de piloter le changement».
Le MSP n’hésite pas non plus à mettre à profit sa participation à l’élaboration de la Plate-forme de Mazafran et son boycott de l’élection présidentielle de 2014, deux exploits qui lui vaudraient une place honorable dans l’opposition. Toutefois, le MSP ne se contente pas d’élaborer des discours et de faire de sorte qu’ils soient élégants et séduisants. Le parti fondé par Mahfoud Nahnah sait très bien qu’il ne sert à rien d’avoir une opinion quand on n’est pas entendu et écouté. Par conséquent, faute d’être sûr d’être écouté, il fait des pieds et des mains pour au moins se faire entendre.
Dans ce sillage, le MSP ne néglige pas les voies classiques, à savoir les sorties de proximité, les meetings, les interviews de presse, la distribution de tracts et les affiches. Mais, son innovation consiste dans une occupation fort originale de la blogosphère. En effet, en plus des traditionnels partages des photos des candidats et des extraits de films des meetings et des sorties de proximité, le parti de Abderrezak Makri a adopté une stratégie de communication hautement en phase avec la révolution numérique en cours.
Sur la page Facebook et Twitter de Abderrezak Makri, mais aussi sur celle des cadres du parti et de ses candidats, notamment Abdelmadjid Menasra, Abdellali Hassani, Naâmane Laouar, on trouve des spots publicitaires de cinq à dix minutes environ dans lesquels des présentations très pédagogiques de certains aspects de leurs programmes électoraux sont développés. Ces spots publicitaires ont ceci de particulier: ils sont courts, touchent chacun à un sujet précis, déclinés dans un langage très simple et qui fait parfois recours au dialectal.
Ainsi, le président du MSP, Abderrezak Makri diffuse sur les réseaux sociaux une dizaine de spots publicitaires d’une excellente qualité sonore portant sur des questions aussi diverses que celles liées à la réforme de l’économie, à l’environnement, à l’énergie, à l’éducation, au tourisme, à l’agriculture, etc. Pas seulement.
Car, Makri ne fait pas qu’étaler les propositions de son parti. Il se met en situation et, imaginant des questions susceptibles d’être posées par les électeurs, il tâche d’y répondre. Cette stratégie offensive en matière de communication vise à faire prendre au MSP de l’avance par rapport aux questionnements légitimes qui peuvent être soulevés, en public ou dans l’intimité de l’acte de voter, par les électeurs. C’est le cas notamment de la question inhérente à la participation du MSP aux élections.
En effet, les cadres de ce parti ne ratent aucune occasion de discuter cette question et d’apporter le maximum de réponses à même de rassurer leur électorat potentiel. Bien des spots sont d’ailleurs montés à cet effet, y compris par Abderrezak Makri.
Cette question de la participation au gouvernement, si l’on ne devait analyser que celle-ci, représente un enjeu énorme dans ces élections législatives car, on a beau avoir le meilleur des programmes, il n’est pas possible de faire quoi que ce soit sans contrôler ou participer à l’Exécutif.Or, par souci d’élégance et de galanterie politique vis-à-vis d’un électorat acquis, mais grincheux quant aux questions liées à l’exercice effectif du pouvoir, nombreux sont les partis, notamment ceux de l’opposition, à zapper ce point dans leur communication.
Le MSP, quant à lui, ne se contente pas de s’exprimer sur tout, mais essaie aussi de bien communiquer et toucher le plus large public.
