Le SILA s’ouvre jeudi et s’attend à battre son record d’un million et demi de visiteurs

Le SILA s’ouvre jeudi et s’attend à battre son record d’un million et demi de visiteurs

Le Salon international du livre d’Alger est bien plus grand que la personne de Hamidou Messaoudi, c’est en résumé comme cela que le commissaire du SILA a répondu aux appels au boycott de l’événement qui attire, en Algérie, le plus de fréquentation tous secteurs confondus: le nombre de visiteurs ayant dépassé l’année dernière le million et demi.

Dans une conférence de presse animée ce matin, dimanche 22 octobre, à la Bibliothèque nationale, Hamidou Messaoudi a très vite fait d’aborder les sujets épineux avant même que les journalistes aient le temps de lui poser la question: la misogynie des propos qu’il a tenus lors d’une interview télévisée où il plaisantait sur le contenu d’un livre en arabe intitulé “Comment battre sa femme” ((كيف تضرب المرأة ). Le commissaire du SILA a donc longuement expliqué combien il est personnellement contre toute violence contre les femmes et qu’il rêve du jour où sera éradiquée à jamais y compris la violence verbale qui s’exerce, a-t-il insisté, de manière continuelle contre les Algériennes.

Le Salon international du livre d’Alger s’ouvre au public jeudi 26 octobre et le SILA en chiffres c’est donc 1 million 535 mille visiteurs (en 2016), plus de 900 exposants dont 30% sont des éditeurs algériens, venus plus nombreux cette année. Venus aussi avec un nombre de romans inégalés jusque-là, à savoir plus de 120 nouveaux romans dans les trois langues: l’arabe, le français et le tamazight.

Cinquante-deux pays seront présents au SILA et l’Afrique du Sud est l’invitée d’honneur, ce qui signifie pour Hamidou Messaoudi est “un retour à nos origines et à notre continent”. Egalement notable, font remarquer les organisateurs, la présence de pays comme la Chine venue en force cette année pour préparer l’année prochaine ou elle sera l’invitée d’honneur du SILA, mais aussi de l’Inde et de la Russie.

Pour ce qui est de la visibilité des maisons d’édition dans le salon, Messaoudi a affirmé que les Algériens se taillent la part du lion, occupant 59% de l’espace total d’exposition, suivis par l’Egypte, ensuite la France, le Liban et la Jordanie.

Le budget qu’alloue l’Etat au salon a été réduit de 30%, a fait remarquer Messaoudi, passant de 120 millions de dinars l’année dernière à 80 millions de dinars cette année, “mais nous avons tout fait pour que la qualité soit la même sinon encore meilleure que l’année dernière”.

A ce propos, le commissaire du salon a longuement tancé ceux parmi les éditeurs algériens qui continuent à demander aux organisateurs du salon de prendre en charge les auteurs qu’il veulent inviter: “Ils nous appellent et nous disent: flen est mon invité, je veux que le SILA paie son billet d’avion, son hébergement, à ceux-là je dis et je rappelle ce que le ministre de la Culture a dit: le temps du social est révolu”.

Autre chiffre, “dont sont friands les journalistes”, a déclaré Messaoudi dans un grand sourire, cette année 97 titres ont été retirés de l’exposition, les raisons sont toujours les mêmes à l’en croire: “tout ce qui appelle au terrorisme, à la fitna, au sectarisme, tout ce qui est raciste ou qui touche à notre glorieuse révolution n’a pas de place au SILA”. Hamidou Messaoudi n’a pas hésité lors de sa conference de presse à interpeller les journalistes et leur demander de “l’alerter” lorsqu’ils voient des livres qui devraient être retirés: “nous sommes contre la censure oui et j’en appelle aux journalistes: à vous de nous aider mais faites-le, s’il vous plait, de manière objective, pas besoin de crier dès que vous lisez Daech ou Israel dans un titre, il ne faut pas condamner un livre en s’arrêtant au titre, mais voir le contenu”.

A propos de censure, Hamidou Messaoudi n’a pas voulu s’étendre sur la déprogrammation de la participation de deux historiens algériens, Daho Djerbal et Aissa Kadri à une table ronde sur les luttes coloniales prévue le 1er novembre, décision qu’il a prise en riposte à un appel qu’ils ont signé pour l’organisation d’une élection présidentielle anticipée en Algérie. “Le SILA est une tribune pour la création et la culture, ceux qui veulent faire autre chose sont libres de leurs opinions mais le SILA c’est pour la culture pas autre chose”, a-t-il répondu laconiquement à un journaliste.

Le programme de toutes les rencontres du SILA n’est malheureusement pas encore disponible sur le site du salon, mais “tout sera disponible, a promis le commissaire de l’événement, a partir de mardi 24 octobre”.