Le recul ne sera significatif que sur une génération
Près de la moitié des Algériens privilégie les unions maritales interfamiliales. Des traditions qui sont risquées car elles augmentent sensiblement la fréquence des maladies congénitales d’origine héréditaire.
Plus de 38% des mariages inscrits à l’état civil en Algérie sont consanguins. C’est là le résultat d’une enquête réalisée en 2007, par la Forem (Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche), dans 21 communes de douze wilayas.
Pour le Pr Khiati, président de la Forem, les conclusions de cette enquête sont toujours valables, six ans après. “Le recul dans ce domaine ne peut être significatif que sur une génération”, nous a-t-il affirmé. Encore aujourd’hui, il est perplexe sur le taux relativement élevé des mariages interfamiliaux. “C’est vrai, j’étais étonné par ces résultats. Je pensais que nous obtiendrons, à l’issue de cette enquête, des chiffres inférieurs à ceux du Maroc”, a-t-il affirmé.
L’étude a révélé que les mariages consanguins sont de l’ordre de 88% à Tébessa, de 56% à Ghardaïa, 53% à Annaba, 52% à Aïn Defla, 50% à Béjaïa, 42% à Bouira et Boumerdès, 34% à Biskra, 27% à Bordj Bou-Arréridj, 25% à Alger… La plus faible proportion est enregistrée à Oran.
Elle avoisine les 18%. Au-delà de
l’interprétation sociologique qu’on pourrait donner au phénomène, c’est son impact sur la santé publique qui inquiète. Les mariages entre cousins augmentent sensiblement les risques des maladies congénitales héréditaires.
À ce titre, l’Algérie fait face à une fréquence de plus en plus grande d’anémies hémolytiques (souvent toute la fratrie est atteinte par la béta thalassémie et drépanocytose), de cardiopathies congénitales, des hydrocéphalies, l’hémophilie, de surdité, des trisomies…
Il est établi, par les spécialistes algériens, que plus de 80% des pathologies neurologiques diagnostiqués dans le pays (myopathies, neuropathie, l’épilepsie, ataxie, maladie de parkinson…) sont causées par des gènes héréditaires.
Ces maladies, qui affectent souvent plusieurs membres d’une fratrie, créent de véritables drames familiaux. Au-delà de la difficulté d’accepter la maladie de son, ou de ses enfant(s), les parents sont confrontés aux aléas de la prise en charge médicale, souvent coûteuse même si les traitements sont fournis par les hôpitaux, de la scolarisation, de l’insertion sociale…
S. H