Le projet du gazoduc Alger-Lagos maintenu: Le Maroc perd sa grande bataille

Le projet du gazoduc Alger-Lagos maintenu: Le Maroc perd sa grande bataille

Le jour-même de la déclaration du vice-président du Nigeria sur le gazoduc Alger-Lagos, une réunion présidée par Mohammed VI planchait, à Casablanca, sur la faisabilité du projet.

Le gazoduc Alger-Lagos n’est pas enterré, contrairement à ce que le Maroc voulait faire admettre, il y a quelques jours. Ce megaprojet panafricain destiné à donner une ouverture sur la Méditerranée au gaz nigérian a été abordé avant-hier à Alger. Le vice-président du Nigeria en visite en Algérie a évoqué ce grand chantier à l’issue de l’entretien que lui a accordé le président de la République. Yemi Osinbajo a également rappelé la route de l’Unité africaine, la dorsale économique du continent et la liaison par fibre optique entre les capitales des deux pays Alger et Abudja, un projet qui a vu le jour dans le cadre du Nepad.

Le séjour algérois du vice-président du Nigeria intervient quelques jours après la visite du roi Mohammed VI à Abudja où il a été question du lancement d’un gazoduc maroco-nigérian. Le projet que le gouvernement marocain n’a pas manqué de qualifier d’«historique» semble donc compromis avant même la première rencontre entre experts des deux pays. Il faut savoir que la coïncidence faisant bien les choses, le jour-même de la déclaration du vice-président du Nigeria sur le gazoduc Alger-Lagos, une réunion présidée par Mohammed VI planchait, à Casablanca, sur la faisabilité du projet, rapporte l’hebdomadaire marocain Tel Quel.

De fait, dans la guerre de position que se livrent les deux pays, pensant jouer le rôle d’un «géant africain», le Maroc a placé la barre trop haut, en voulant concurrencer l’Algérie sur un projet structurant pour l’Afrique. Or, dans ce domaine précisément, l’Algérie a plusieurs longueurs d’avance sur son voisin de l’Ouest, au regard des investissements déjà réalisés et ceux encore en chantier, en sus d’une vision stratégique établie de longue date, aux origines de l’Organisation de l’Unité africaine, jusqu’à l’UA qui a vu l’Algérie mettre en oeuvre l’axe Alger-Abuja- Johannesburg.

Le Royaume marocain a tenté de briser ledit axe en proposant au Nigeria un projet titanesque, avec l’espoir d’entrer dans la cour des grands africains et compter ainsi parmi les pays-leaders dans la perspective du développement futur du continent noir.

Quelques jours après l’essai du roi Mohammed VI, le Nigeria revient à sa position initiale et annonce son intérêt pour le projet dans sa première formule. Il y a lieu de rappeler à ce propos que le gazoduc algéro-nigérian a fait l’objet d’une étude de faisabilité technique et financière complète. Son coût tourne autour de 20 milliards de dollars. Le projet a buté sur le refus du Nigeria de préciser à la partie algérienne sa capacité de production réelle aux fins d’évaluer la rentabilité effective d’une telle installation.

L’allusion directe à ce projet à partir d’Alger est un message à l’endroit du Maroc quant à l’échec de sa tentative de détourner un vieux projet panafricain à des fins, jusque-là, inavouables. Peut-on voir dans ce revirement une intervention algérienne? Il serait naïf de ne pas envisager cette option, sachant la célérité avec laquelle cette «affaire» a été traitée et les coïncidences qui en disent long sur la déculottée du Royaume alaouite sur un sujet majeur.

Ainsi, cette défaite cuisante remet le Maroc à sa place et apporte une preuve supplémentaire de l’efficience de la démarche de l’Algérie qui, malgré un retard accusé dans son implication directe en Afrique, garde sa puissance politico-économique intacte.

Il faut dire que la marque de confiance exprimée par le géant nigérian à l’endroit de l’Algérie et la volonté mise en avant pour trouver de réelles opportunités de partenariat entre les deux pays, renforcent l’axe Alger-Abuja et donnent à l’Algérie la possibilité de constituer l’une des locomotives de la croissance économique du continent, appelée à devenir, dans une échéance plus ou moins proche, la nouvelle usine du monde.