Le premier ministre doit manoeuvrer avec un pétrole autour des 50 dollars: Ouyahia face au baril

Le premier ministre doit manoeuvrer avec un pétrole autour des 50 dollars: Ouyahia face au baril

Un niveau bas des cours de l’or noir le contraindra à jouer des coudes pour mener à bon port son Plan d’action.

La dégringolade des prix du pétrole a par tous temps constitué une hantise pour tous les gouvernements. Elle les pousse à prendre parfois des décisions douloureuses et impopulaires. Et c’est une lapalissade que de dire que c’est désagréable. Comme la gestion des affaires du pays ne doit pas reposer sur des sentiments il est même parfois nécessaire d’y recourir pour anticiper des situations qui peuvent connaître des tournants irréversibles. La ligne rouge a ne pas franchir avait été fixée par le successeur de Abdelmadjid Tebboune.

«A 70 dollars nous serions en danger, à 60 dollars ça irait mal, à 50 ça irait très mal», avait déclaré Ahmed Ouyahia au mois de septembre 2008, Premier ministre à l’époque, au moment où les prix ont commencé leur dégringolade pour passer de plus de 147 dollars le 11 juillet 2008 à moins de 34 dollars en décembre de la même année. C’est le scénario d’aujourd’hui. Sauf qu’à l’inverse de la chute de 2008 qui a été brutale celle que l’on vit actuellement a débuté en juin 2014 et on en voit toujours pas le bout du tunnel. Même si les prix ont repris quelques couleurs depuis l’accord historique d’Alger conclu le 28 septembre 2016 en marge du 15 ème Forum international de l’Energie qui a débouché sur une réduction de la production de l’Opep et de 11 de ses alliés hors cartel de près d’1,8 million de barils par jour.

Le Premier ministre sait que les objectifs de son Plan d’action peuvent être perturbés par un niveau bas des cours de l’or noir. Ce n’est un se-cret pour personne que le pays dépend essentiellement de ses exportations d’hydrocarbures. Ses recettes pétrolières ont sombré, alors qu’il fait encore face à une facture des importations qui culmine au-dessus des 45 milliards de dollars. Cela a eu pour conséquence de signer la mise à mort de l’emblématique Fonds de régulation des recettes qui avait fait le plein durant la période dorée de l’or noir.

Les réserves de changes qui ont fondu comme neige au soleil continuent contre vents et marées à se maintenir à un niveau appréciable. 114 milliards de dollars selon les derniers chiffres officiels. La réalité est bel et bien là. Les recettes engrangées grâce aux exportations d’hydrocarbures n’ont cessé de baisser depuis au moins deux années. Les prix du pétrole peinent à décoller alors que les ventes de l’or noir à l’étranger ont baissé. Une conjoncture qui a conduit à tirer la sonnette d’alarme à de nombreuses reprises.

«L’équilibre budgétaire requiert des niveaux de prix des hydrocarbures supérieurs à 112 dollars le baril», avait déjà prévenu la Banque d’Algérie dans un rapport présenté par Djamel Benbelkacem, son directeur-conseiller, au début du mois de juillet 2012 Une ligne jaune qui a été depuis, largement franchie. C’est dans ce contexte de conjoncture financière difficile que doit manoeuvrer le patron de l’Exécutif pour répondre à la feuille de route que va tracer le président de la République. Abdelaziz Bouteflika qui a exclu le recours à l’endettement extérieur a fait de la justice sociale un axe majeur de son programme. L’amélioration du cadre de vie, par l’offre du logement, l’accès aux énergies et à l’eau et la préservation de l’environnement, figurent parmi les principaux objectifs qu’il a fixés au gouvernement précédent. Des constantes de son programme qui doivent être appliquées à la lettre. Il s’agit donc bel et bien d’une mission d’une extrême importance qui engage l’avenir du pays. Le temps des tâtonnements, des discours populistes et de la langue de bois est révolu. Il faut aller droit au but.

La nomination de Ahmed Ouyahia à la tête du gouvernement correspond parfaitement à la conjoncture économique actuelle que traverse le pays. Gestionnaire pragmatique on peut avancer sans sourciller qu’il est l’homme tout indiqué pour éviter au pays le «scénario vénézuélien». L’avoir à la cabine de pilotage rassure. Le «navire Algérie» peut larguer les amarres même lorsque la mer est démontée.