Le SG de l’ONU Antonio Guterres soumettra, demain, son rapport sur la Mission des Nations unies pour le Sahara occidental au Conseil de sécurité qui sera présidé par les Etats-Unis.
Paris est toujours intervenu pour que les résolutions votées par le Conseil de sécurité de l’ONU concernant le Sahara occidental ne soient pas contraignantes pour le royaume. Il en sera probablement de même dans quelques jours. Sauf si le pouvoir socialiste finissant a décidé de partir sur un coup d’éclat étant donné que c’est pratiquement certain que le prochain locataire de l’Elysée ne sera pas de son camp.
Il faudra surtout compter sur les Etats-Unis qui ont une autre approche du dossier sahraoui. A moins que la nouvelle équipe Trump n’ait changé le fusil d’épaule. Les Américains ont, en effet, adressé à de nombreuses reprises un avertissement au pouvoir marocain. Sortiront -ils le carton rouge cette fois-ci? Probable, si l’on se fie aux mises en garde qu’ils ont adressées au pouvoir marocain depuis au moins 2013 concernant le respect des droits de l’homme et de la légalité internationale au Sahara occidental.
A chaque fois, la France a volé à son secours. Ce fut le cas il y a, tout juste, quatre ans lorsque le projet présenté par les Etats-Unis pour doter la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) d’un mécanisme de surveillance des droits de l’homme n’a finalement pas été retenu. La presse marocaine s’en souvient et redoute sans l’avouer qu’ils ne reviennent à la charge. «C’était notamment le cas en 2013, lorsque l’ancienne représentante permanente américaine, Susan Rice avait souhaité étendre le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme.» rappelle le magazine Tel Quel.
La résolution 2099 du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée, à l’unanimité, le 25 avril 2013 a, toutefois, insisté sous la pression de Washington, au contraire de celles qui l’ont précédée, sur «l’importance de l’amélioration de la situation des droits de l’homme» dans les territoires du Sahara occidental occupés par le Maroc. Rebelote l’an dernier. Les USA avaient soumis au Conseil de sécurité un projet de résolution sur le Sahara occidental qui exige «le rétablissement immédiat» des activités de la Minurso et le retour de son personnel civil expulsé par le Maroc.
L’initiative américaine soutenue également par la Grande-Bretagne et la Russie, deux membres permanents au Conseil de sécurité avait fait l’objet d’un sabordage de la part de la France et du Maroc qui ont fait barrage à ce préalable. «La France mène une action très agressive pour paralyser l’initiative américaine.
En jouant ce rôle, la France assume toute la responsabilité sur un possible retour de la guerre au Sahara occidental avec son soutien aveugle à la politique du Maroc», dans les territoires occupés avait déclaré le 27 avril 2016 Ahmed Boukhari le représentant du Front Polisario aux Nations unies. Les choses se sont davantage compliquées depuis que le souverain marocain a décidé d’expulser la composante civile de la Minurso après que l’ex-secrétaire général des Nations unies a qualifié la présence marocaine au Sahara occidental d’«occupation» lors de sa visite dans les camps de réfugiés sahraouis au mois de mars 2016.
Cette bravade de Mohammed VI sera au menu du Conseil de sécurité de l’ONU. Le SG de l’ONU Antonio Guterres lui soumettra, demain, son rapport sur la Mission des Nations unies pour le Sahara occidental sous la présidence des Etats Unis qui ont plaidé pour le plein rétablissement de ses fonctions.
Qu’en attend le Front Polisario, représentant légitime du peuple sahraoui? Que le Conseil de sécurité de l’ONU mette «fin à la souffrance du peuple sahraoui et de faire pression sur le Maroc pour l’obliger à respecter les droits de l’homme au Sahara occidental et à tenir ses engagements pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination» a déclaré, hier, à Londres le coordonnateur sahraoui auprès de la Minurso à l’issue d’une entrevue au ministère britannique des Affaires étrangères. M’hamed Kheddad a dénoncé l’attitude de «La France qui bloque tout développement d’une solution à la question sahraouie et empêche qu’il y ait la moindre pression contre le Maroc pour qu’il accepte la mise en application des résolutions du Conseil de sécurité». Une déclaration qui devra résonner entre Paris et Rabat.