Le dolmen de Bougous situé dans la wilaya El Tarf, où l’on compte plus de 400 sites archéologiques et historiques, est considéré comme une véritable légende qui défie le temps.
Visibles non loin du mont Ghourra qui culmine à 1.200 m, le dolmen de Bougous ainsi que les pierres qui l »entourent dateraient de l’époque préhistorique, soutient-on.
Ces empreintes de l’homme expriment les croyances de certains peuples et civilisations parmi ceux qui se sont succédé dans cette région de l’extrêmenord est du pays.
De par leur forme, leur disposition et le mystère qui continue de les entourer, ces monuments n’ont jamais cessé d’alimenter la légende dès lors qu’il se trouve encore aujourd’hui des habitants de cette région qui s’emploient à pérenniser ces croyances.
Mabrouk B., un octogénaire encore très alerte pour son âge, évoque en s’appliquant à se montrer convaincant, et avec force détails, le mythe entourant ces dolmens, des pierres qui semblent avoir marqué à jamais les esprits des riverains.
Selon lui, le dolmen de Bougous est lié à l’histoire d’un mariage incestueux qui n’a finalement pas eu lieu. Ce monument assez imposant, dénommé d’ailleurs El Aroussa », tient toujours debout au c£ur du site archéologique de cette commune frontalière où, raconte le vieil homme, citant une légende transmise de génération en génération, « un homme voulant épouser sa soeur en a été empêché par une force mystérieuse qui transforma le couple en blocs de pierre ».
S’appuyant sur sa canne, M. Mabrouk parle d’une « malédiction divine », ce dolmen représentant tout simplement, selon lui, le couple maudit. Le vieil homme ne s’arrête pas là puisqu’il soutient mordicus que le reste des blocs jonchant le sol sont « les amis, les témoins et tous les invités à la noce ».
Transmise de bouche à oreille depuis des siècles, cette légende semble se perpétuer à la grande joie des conteurs improvisés qui ne se lassent pas de narrer aux plus ingénus cette histoire de couple incestueux.
Une histoire qui fait pourtant un « pied de nez » à ce qui peut être lu dans n’importe quelle bonne encyclopédie, à propos des dolmens qui ne sont, en fait, qu’une construction mégalithique préhistorique, constituée d’une grosse dalle de couverture (table) posée sur des pierres verticales qui lui servent de pieds (les orthostates). Aujourd’hui, partout dans le monde, les dolmens sont interprétés, en général, comme des monuments funéraires ayant abrité des sépultures collectives.
Un fait, avéré ou presque, qui ne semble pas du tout de nature à démonter le vieux Mabrouk ou à entamer sa conviction, lui pour qui la curieuse légende du couple maudit est l’explication « la plus plausible ».
Réelle ou simplement née de l’imagination de l’homme, cette histoire de couple incestueux est édifiante quant au pouvoir des vestiges anciens d’alimenter les légendes et de « titiller » l’imagination de ceux qui aiment se retrouver au centre d’un auditoire attentif pour narrer des histoires extraordinaires.
Pour des siècles encore, sans doute, ces dolmens continueront de faire vagabonder l’imagination des hommes, en particulier ceux qui sans le savoir s’approprient cette citation qui dit que » l’histoire est du vrai qui se déforme, la légende du faux qui s’incarne ».