Le commissaire du SILA établit son bilan: « Les gens viennent pour acheter des livres, pas pour manger! »

Le commissaire du SILA établit son bilan: « Les gens viennent pour acheter des livres, pas pour manger! »

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«L’Algérie sera l’invité d’honneur au Salon du livre de Cuba en février 2019» a fait savoir Hamidou Messaoudi lors d’un point de presse affirmant aussi que 2 200 000 personnes ont visité le salon cette année.

Hamidou Mesaoudi est revenu samedi sur la 23 ème édition du Salon international du livre d’Alger, édition qui s’est tenue du 29 octobre jusqu’au 10 novembre. Une éidition ayant mis à l’honneur la République populaire de Chine avec une délégation de près de 160 invités dont cinq prestigieux écrivain chinois et notamment Mo Yan le prix Nobel de littérature en 2012. Comme le veut la tradition à chaque fin de Sila, le commissaire a tenu ainsi à faire son premier bilan le jour de clôture de ce prestigieux événement annuel qui, faut-il le noter, a été marqué le vendredi et samedi par une forte affluence des visiteurs. A ce propos il a annoncé le nombre de visiteurs enregistré samedi dernier à 11 h, à de 2.200.000 visiteurs, chiffre qui aurait atteint facilement le 2.300.000 en fin de journée a-t-il estimé.

Tout en indiquant que ce chiffre est l’un des facteurs de réussite chaque année du Sila, il rappellera tout de même que le pic a été atteint le premier jour de novembre avec 630.000 visiteurs et le lendemain avec 300.000 visiteurs. Se félicitant de la présence bien remarquée de la Chine en Algérie, il n’omettra pas de relever les signatures d’accords qui ont été réalisés entre l’Algérie et la Chine en matière de traduction et de distribution. Rappelant le riche programme qui a été tracé durant l’édition 2018 du Sila, il dira que 3000 ont été exposés et des ventes ont été réalisées en grande quantité que ce soit au niveau des éditeurs nationaux ou internationaux, donnant ainsi pour preuve que «les visiteurs ne viennent pas pour faire du tourisme culturel ou pour manger, mais achètent énormément de livres et ce, que ce soit des livres scolaires, parascolaires, des romans ou encore des livres religieux qui prônent la tolérance et la paix car nous n’acceptons pas les livres qui font l’apologie de la violence et des fetwas» a t-il souligné avec fermeté. Et de rajouter: «Les gens viennent de très loin et de tout le terroir national. Quand ils arrivent la journée exténués il faut bien qu’ils reprennent des forces en trouvant de quoi se nourrir ici.» Hamidou Messaoudi se félicitera également sur la qualité des activités culturelles au nombre de 45 qui ont mis au-devant de la scène et de «l’estrade» des personnalités éminentes.

Et de citer Costa Gavras (qui a reçu la médaille du mérite Athir du président de la République), Gilles Manceron, Amine Zaoui, Ahmed Djebar, Rachid Boudejdra etc. Il rappellera ainsi que l’Algérie s’est taillé la part belle avec 70% des invités, les 30% restants provenaient des autres continents comme l’Europe, l’Amérique latine, l’Asie etc De 1018, le nombre d’éditeurs, a été réduit à 1016 soit deux de moins sur le nombre apporté avant le Sila. Cela, le commissaire du Sila l’expliquera par la fermeture d’un stand d’un éditeur de la République islamique d’Iran qui «n’a pas payé la location de son stand, qui n’est même pas venu signer son dossier, mais a préféré déléguer un d’ici pour tenir son stand et faire du pur commerce sur le dos du Sila et en plus en nous envoyant cinq livres indésirables dont on lui a fait déjà la remarque. Mais en vain.» Aussi nous apprend -on «des livres ont été retirés de la part d’un éditeur libanais. Des livres qui font l’apologie de la sorcellerie et nous n’avons pas besoin de ça». Et de préciser: «Il faut savoir que les douanes n’agissent jamais seules mais toujours avec l’accord et l’ordre du comité de lecture et de suivi délégué par le ministère de la Culture.» Hamidou Messaoudi rappellera qu’aucun livre algérien n’a fait l’objet de mise en réserves de la part de cette commission de lecture suivant la loi 2015 article 08 et contre 130 livres. L’année dernière, seuls 60 ont été jugés cette année inappropriés pour être mis à la vente au salon pour les raisons déjà citées telles l’apologie de la violence, du racisme et l’atteinte aux moeurs.

Et d’annoncer aussi que l’Algérie sera le pays à l’honneur au Salon international du livre d’Alger à Cuba en février 2019. Revenant sur le problème qui frappe le Sila chaque année et dont beaucoup d’éditeurs, se plaignent, à savoir l’exiguïté de l’espace et l’absence de conditions idoines pour le stockage de livre, Hamidou Messaoudi reconnaîtra, dépité, avoir «honte…» en raison des infiltrations de la pluie dans les stands ce qui a endommagé certains livres. Un silence qui en dit long sur son appel aux autorités concernées lancé chaque année pour trouver une solution et surtout un autre endroit, moderne et plus conforme aux normes pour tenir ce Sila. Evoquant la nature et le profil des visiteurs, le commissaire du Sila révélera avoir sollicité une société pour faire un sondage auprès des gens pour évaluer leurs avis sur le salon et la nature des livres achetés pour comprendre qui achète et quoi. Il promettra ainsi d’animer prochainement un autre point de presse pour dévoiler «d’ici 15 jours les résultats de ces données».

Aussi les lourdeurs bureaucratiques pour transférer notamment les invendus ont été également évoquées ainsi que l’obligation de vendre les livres par unité et non pas «en gros» conformément aux lois en vigueur du salon. «Nous ne sommes pas un marché pour faire du commerce de gros.

Nous avons une réputation et une image à tenir. On ne permettra à personne de compromettre l’image du salon» répondra-t-il à une question d’un journaliste qui rapportait la demande d’un éditeur tunisien qui aurait souhaité liquider sa marchandise en vendant «en gros». A propos de la polémique qui a entaché le salon au début de l’événement qui s’apparente chaque année à un feuilleton concernant l’affaire de la maison d’édition Koukou, Hamidou Messaoudi s’est empressé de réfuter le mot «censure» en affirmant «il n’y a eu aucun incident» et d’expliquer les faits: «Le comité de lecture fait son travail en allant visiter tous les stands durant le salon, pas seulement celui de Koukou Editions. Selon le règlement intérieur, chaque maison d’édition est tenue d’envoyer la liste de ses livres. La date butoir est fixée au 31 juillet. A cette date-là les livres mentionnés sur la liste n’y figuraient pas. Ces livres n’ont pas été déclarés à temps. Néanmoins, ces livres n’ont pas été retirés du stand. Il y a eu juste un avertissement verbal. Je rappelle que cette année, aucun livre algérien n’a été retiré ni interdit d’exposer au salon», a-t-il conclu.

Aussi, à la remarque d’une journaliste estimant que le salon se base surtout sur les ventes commerciales et moins sur les activités culturelles, le commissaire du salon rappellera tout de même le nombre des activités qui dépassent les 45, lesquelles ont été déclinées sur les 13 jours du Sila sans oublier les activités propres de chaque éditeur ou organisme tel l’Institut français d’Algérie, l’Union européenne, Sédia Editions etc.