L’Arabie saoudite n’aura pas perdu de son influence sur le marché pétrolier après les péripéties que l’on sait. Les prix du pétrole étaient hier en hausse malgré une augmentation des stocks américains. Le baril de Brent de la mer du Nord était coté à 54 dollars.
Il convient de rappeler que Riyad s’était inscrite, depuis mi-juin 2014, date à laquelle a commencé la détérioration des prix de l’or noir, dans une stratégie de défense de parts de marché. L’approche n’a, cependant, pas produit, dans des délais raisonnables, les résultats escomptés en termes de revenus pétroliers. Pas plus qu’elle n’a été en mesure d’entraîner une chute de la production américaine de pétrole de schiste.
À un prix de 50 dollars de baril, le pétrole américain va encore se développer. Aussi, le royaume a dû changer de démarche, se montrant, fin 2016, disposé à contribuer à réduire la production pétrolière et à raffermir les prix. Et, c’est dans ce but qu’a été conclu, en septembre 2016, l’accord de l’Opep à Alger, entériné, fin novembre, à Vienne, consolidé et étendu, le 10 décembre, à onze pays hors Opep.
L’accord tient jusqu’en juin prochain. Il reste, cependant, à savoir si Riyad se prête à la concertation en vue de le reconduire. L’Arabie saoudite ne considèrerait pas nécessaires de nouvelles baisses de production en plus de celles qui ont été annoncées ces derniers mois par l’Opep et onze autres pays producteurs de pétrole.
Elle estime que l’année 2017 verra la reprise économique et une reprise des marchés pétroliers et que les prix devraient également augmenter pour encourager l’investissement dans le domaine pétrolier. Est-ce à dire pour autant que l’accord conclu pour une période initiale de six mois ne sera pas prolongé ? Le royaume n’aura pas adopté une position tranchée à ce sujet. Ali Kefaifi est expert en énergie. Il rappelle que l’accord en question est respecté à 80%.
Cependant, ajoute-t-il, un équilibre va s’établir durant les quatre ou cinq premiers mois de 2017 autour des prix actuels (variations/volatilité autour de 55 dollars le baril). Et, selon lui, à très court terme, la demande supplémentaire sera satisfaite grâce à l’augmentation de la production de pétrole non conventionnel (schiste, tight oil). Le pétrole non conventionnel, satisfait par ces niveaux de prix, aura toutefois besoin de plus de stabilité des cours que de variations trop instables, dit-il.
Mais pour Ali Kefaïfi, les cours de l’or noir pourront varier en cas de relèvement des stocks alimentés par la reprise de la production en Libye, voire en Irak, au Nigeria, ou par le non-respect de l’accord d’Alger. Cela se traduirait forcément par une baisse des prix. Ali Kefaïfi explique, par ailleurs, que le véritable problème se posera durant le 2e trimestre (mai 2017) avec les augmentations saisonnières des demandes américaines en interne (longue période des vacances) et d’Arabie saoudite (fuel oil pour le fonctionnement des centrales électriques et climatiseurs).
Ces éléments de conjoncture, l’expert en tient compte pour affirmer que l’Arabie saoudite “ne sera certainement pas encline à reconduire l’accord, ou alors de manière très symbolique”. Et de résumer qu’après les tests de 2017 (respect ou non-respect de l’accord du 10 décembre dernier), on pourra examiner le nouveau modèle d’équilibre pétrolier avec l’Opep qui sera au même niveau que les non-Opep et les pétroliers américains. La technologie et l’économie de marché, souligne-t-il, marqueront le nouvel équilibre pétrolier, au moins jusqu’en 2025.