La présidentielle ne mobilise pas les Algériens

La présidentielle ne mobilise pas les Algériens

Des salles vides, des QG de candidats désertés par les militants et les sympathisants, des QG de proximité qui n’attirent plus le regard et la curiosité des habitants, encore moins les passants. Les Algériens semblent bouder la campagne de la présidentielle du 17 avril.

Les candidats sont conscients de la situation. Là où ils vont, ils ne drainent plus la foule. Transformés en simples formalités, les déplacements des candidats et des représentants du Président-candidat ressemblent beaucoup plus à du tourisme politique qu’aux campagnes de proximité. Points de débat et de discours accrocheurs, les candidats n’arrivent plus à convaincre les Algériens à adhérer à la politique.

On a cette nette impression que l’opinion publique est plus orientée vers le quotidien que vers le destin de tout un pays. Cette campagne, la plus fade depuis les années 1990, quand les candidats remplissaient les salles sans forcer, intervient à la première semaine des vacances scolaires. Mais bien avant, les étudiants n’affichaient aucun engouement.

Le peu de réactions auxquelles on a eu droit sont celles distillées à travers les réseaux sociaux. Et en moins d’une semaine, le constat est accablant. Mis à part les sorties des boycotteurs et du mouvement citoyen Barakat, et qui ont changé un tant soit peu le décor et occupé la place publique, le reste ressemble à un scénario chaotique de six acteurs-candidats qui ont réussi à faire de l’élection présidentielle d’avril 2014 un non-événement au sens propre du mot. Bien plus, alors qu’ils ont le devoir d’aller vers les électeurs, ces candidats n’arrivent même pas à remplir les panneaux d’affichage qui leur sont dédiés au sein des douars, des communes, des daïras et des wilayas.

Le décor est désolant, d’autant que les Algériens manifestent, à travers cette attitude, leur désintérêt total à une campagne où “le 4e mandat”, les écarts de langage et le discours à la carte “façon archaïque” font une actualité politiquement décousue. Leurs passages sur les ondes de la Radio et de la Télévision nationales sont rarement suivis. Lus par les représentants des candidats, avec un ton à la limite de l’amateurisme, les programmes des candidats n’accrochent plus.

Avec des similitudes phonétiques et d’approches politiques basiques, ces programmes ne font plus débat. Finis ces week-ends politiques où les grosses pointures captaient l’attention des Algériens, finis ces débats aussi riches que passionnants ; la première semaine de cette campagne vient de dessiner un croquis cinglant : l’élection présidentielle du 17 avril 2014 risque de battre le record historique de l’abstention.

Du coup, le 4e mandat auquel Bouteflika aspire et le manque de charisme des candidats ont plombé une campagne annonciatrice d’une abstention massive des Algériens. Car si dans les grandes villes comme Alger, Oran, Annaba, Constantine, Ouargla, Tizi Ouzou, Béjaïa, Sétif et autres Batna, les candidats n’ont pas réussi à drainer la foule, ce ne sera, sans doute pas, dans les bureaux de vote qu’ils le feront. Branchés aux matches des demi-finales de Coupe d’Algérie et championnat d’Europe de football, où la foule y est, les Algériens ne regardent pas le petit écran qui montre des images de meeting avec des salles quasiment vides.